NUMÉRO DOUBLE SPÉCIAL NOËL MEILLEURS VIEUX !

En 2024, soyons fous, vieillissons dans l’optimisme, devenons de meilleurs vieux !

Mémoires Vives
12 min ⋅ 18/12/2023

À vous tous, à ceux qui vous sont chers, à tous ceux qui placent leurs espoirs en 2024, je souhaite un feu d’artifices de rires, d’amitié, de lectures, d’expositions, de jardins, de concerts, de promenades, de PAIX dans un monde  en grande incertitude !

En 2024, soyons fous, vieillissons dans l’optimisme, devenons de meilleurs vieux !

En 2030, un Français sur 3 aura plus de 60 ans. Entre 2030 et 2050, le nombre de personnes âgées de plus de 85 ans va doubler. Un enjeu colossal de santé publique : la vieillesse est un sujet d’avenir. Et, on s’en doute, ça va coûter un pognon de dingue. Et pourtant, en même temps (expression empruntée au même auteur), les vieux sont utiles ! Ils peuvent même rapporter de l’argent, ou plutôt vous en faire économiser beaucoup. Comment ? En travaillant gratuitement : ils représentent un tiers des bénévoles en France (Source : Recherches & solidarités publiques IFOP Mai 2022), en animant la vie politique locale : après les élections de 2020, on comptait 55% des maires âgés de plus de 60 ans, à garder les petits-enfants ou… leurs vieux parents (cela, c’est assez nouveau, autrefois, les vieux parents mouraient de vieillesse plus jeunes).

Aujourd’hui, en revanche, tout le monde devient vieux, après un « certain » âge. Lequel ? Là est la question… Tout le monde, vraiment ? Pas tout à fait : plus on est riche, plus la perspective de devenir très vieux est plausible. Entre les 5% les plus riches et les 5% les plus pauvres, la différence d’espérance de vie est de 13 ans (www.inegalités.fr). Et seuls 9% des 75 ans ou plus (soit environ 525 000 personnes) vivent sous le seuil de pauvreté, contre 14% de la population totale (Source: Insee-DGFiP-Cnaf-Cnav-CCMSA, enquête Revenus fiscaux et sociaux 2016).

En somme, si vous voulez vivre vieux, enrichissez-vous d’abord ! Ensuite, peut-être qu’on « liquéfiera votre patrimoine » (jolie formule, non ?) comme le proposent certains (jeunes) économistes.

Vieillir est généralement un espoir, mais vieillir comment ?

De préférence en bonne santé, n’est-ce pas et en préservant toutes ses capacités (ou presque), et une relative image de jeune senior, souriant de toutes ses dents  (je dis bien TOUTES) ?

La question se posait déjà dans l’Antiquité, si l’on en croit Homère. Il nous raconte la triste histoire du beau  Tithon, un prince troyen frère de Priam.La déesse de l’aurore, Éos, en tombe amoureuse. Tellement amoureuse qu’elle demanda à Jupiter l’immortalité pour son amant, laquelle lui fut accordée. Mais elle oublia de demander pour lui la jeunesse éternelle. Et lorsque Tithon se mit à vieillir vraiment, si elle continua à l’entretenir divinement, elle cessa de fréquenter sa couche. Et le jour vint où l’immortel Tithon qui ne pouvait plus du tout se mouvoir, se mit à baver etc. Que faire ? Eos l’enferma dans une chambre et le transforma en cigale - qui se nourrit de la rosée de l’aurore - afin de l’entendre chanter éternellement. Pauvre Tithon !

Et si Sénèque, Platon ou Cicéron ont fait l’éloge de la vieillesse, ce ne fut pas le cas de tous les philosophes. Ainsi, Montaigne écrivait-il, dès l’âge de 30 ans : 

« Depuis cet âge, et mon esprit et mon corps ont plus diminué qu’augmenté, et plus reculé qu’avancé. Il est possible qu’à ceux qui emploient bien le temps, la science et l’expérience croissent avec la vie; mais la vivacité, la promptitude, la fermeté, et autres parties bien plus nôtres, plus importantes, et essentielles, se fanent et se languissent ». et « Ce que je serai dorénavant, ce ne sera plus qu’un demi être, ce ne sera plus moi ».

Le jeune Montaigne avait pris un « coup de vieux », tant il est vrai qu’on  ne sent jamais le temps qui passe sauf par à-coups. Comment échapper à ce « coup de vieux » qui peut faire très mal ?

Mais bon sang, mais c’est bien sûr ! On en revient toujours à la Grèce, même lorsqu’il s’agit de régime : en se nourrissant de vin, miel, laitue, exercices physiques, et intellectuels, bains, massages, bon sommeil, activité sexuelle ! En se nourrissant de BONHEUR !

L’AGIRC-ARRCO a justement mené une enquête « Vieillir heureux »  en partenariat avec La Fabrique Spinoza et l’institut Think, auprès d'un échantillon de 1 009 personnes âgées de 45 ans et plus, interrogés en ligne du 19 juin au 7 juillet 2023.  Les résultats ont été publiés en novembre dernier : avec un score de 6,7/10, la palme du bien-être revient aux seniors de 65 à 79 ans. Et il vous est même proposé un quiz vous permettant d'évaluer votre propre indice du « Vieillir Heureux ». Vos réponses sont comparées à l'indice (national) du Vieillir Heureux. 45 questions autour de la santé, du vieillissement, de l’habitat, du mode de vie (Je consomme des fruits et légumes ou Il m’arrive souvent de manger seul), des activités (Je partage régulièrement des moments d'intimité sexuelle) et de l’engagement, des relations (J'ai un/ou des animal/aux de compagnie qui m'apportent de la joie  ou J'apprécie d'être en contact avec des gens), des projets de « nouvelle vie », enfin de la mort. Faire le quiz : https://itbf.typeform.com/vieillirheureux?typeform-source=www.agirc-arrco.fr

Vous voulez améliorer votre score ? Idées sur  www.agirc-arrco.fr ou www.FabriqueSpinoza.org

À la question : ils font quoi dans la fabrique Spinoza ? Ils se présentent comme le « Mouvement du bonheur citoyen » dont la raison d’être est de placer le bonheur au cœur de notre société, chez les décideurs, au sein des organisations et sur les territoires. Rien que ça.

Kafka avait bien raison d’écrire : « Le bonheur supprime la vieillesse »…

En savoir plus sur la Fabrique Spinoza

On peut aussi profiter des conseils des Caisses de retraite : https://www.pourbienvieillir.fr/.

On y apprendra que le bonheur, aimer, jouer au scrabble, aide à bien vieillir dans sa tête, et manger, bouger, éviter de tomber, se soigner, aide à bien vieillir dans son corps. On s’y inscrira, si l’on y tient,  à des ateliers où des jeunes enseignent à des vieux comment vieillir correctement.

Faut-il vraiment faire un tel bruit autour de cette tranche de vie, alors, qu’après tout, « la vieillesse c’est (simplement) ce qui arrive aux gens qui deviennent vieux. », comme l’écrivait  Simone de Beauvoir dans un pavé d’environ 800 pages (La vieillesse, 1970, éditions Gallimard Folio) ?

Même le législateur s’est saisi de cet enjeu majeur, avec la proposition de loi « Bien vieillir », dont le texte a été adopté en première lecture par les députés le 23 novembre 2023. Deux de ses dispositions m’ont particulièrement frappée en ce sens qu’elles libèrent les vieilles et vieux des espèces de prisons où on les enferme quand on ne sait plus quoi faire d’eux. La 1ère est un amendement qui vise à permettre à chaque résident en EPAHD d’y accueillir son animal. Il était temps, en effet, de mettre fin à cette déchirure que constitue la séparation avec l’animal de compagnie, souvent le dernier lien d’affection quotidienne.

La 2ème est l'adoption d'un article qui affirme le droit pour une personne résidant dans un EPAHD de recevoir des visites. Ce droit de visite aurait permis à l’une de mes proches de saluer son père avant sa mort lors de la crise du Covid-19.

 Les initiatives vers les personnes âgées ne manquent pas. Ainsi le CNaV (Conseil national autoproclamé de la vieillesse), créé en décembre 2021 a-t-il organisé les 17, 18 et 19 novembre 2023, son premier  « contre salon » de la vieillesse, qui a revendiqué 2300 participants. Et moi qui croyais qu’il n’existait qu’une CNAV (Caisse nationale d’assurance vieillesse)... Erreur.

Le projet ? Affirmer que les vieux ne sont pas (ou en tout cas, pas seulement) un marché juteux. On est loin de la Silver Economy. La promesse ? « . Rien pour les Vieux sans les vieux ». À bas l’âgisme, ce nouvel épouvantail en isme.

Aveu : le titre de ce numéro spécial « Meilleurs vieux » est emprunté à Libération dans son numéro du 17 novembre dernier. J’atténue : Libération n’est pas le premier support à avoir lancé la formule et j’étais bien capable de la trouver toute seule. Signalons que, par exemple, la formule Mes vieux les plus sincères n’est pas mal non plus.

En savoir plus : https://www.cnav-demain.fr/

Ces militants de l’autonomie ont, me semble-t-il, raison : pourquoi deviendrait-on dépendant après 75 ans ? Si la vieillesse n’est pas une identité, elle n’est pas non plus une maladie. Pour m’en assurer, j’ai posé la question à l’un de mes abonnés, (vieil) ami, gériatre.  

La gériatrie, selon lui, n’est pas une médecine qui traite des malades qu’on ne guérit pas. « La vieillesse n’est pas la cause de la maladie, elle en est le contexte. Plus on vieillit, plus on est malade. Et les symptômes, les manifestations, les conséquences des maladies sont différents de ceux repérables chez les sujets jeunes. Sauf cas gravissime, un malade jeune va finir par récupérer.  Un malade âgé, c’est moins sûr. En ajoutant des maladies les unes aux autres, il arrive un moment où la dernière apparue ne pardonne plus. Mais c’est grave de considérer qu’être vieux, c’est être malade. Considérer légitime de décider pour lui, à sa place, conduit à toutes les dérives. ».

« Bien sûr, tu penses avec effroi à la maladie d’Alzheimer, que tous craignent parce qu’elle nous prive des outils pour vivre normalement en société, parce qu’elle nous fait perdre progressivement tous nos apprentissages. Mais, quel que soit le degré de dégradation apparente, on ne sait pas ce que le patient intègre ou pas de la vie réelle, une conscience qui peut varier selon les moments, même si elle reste brève. Ma crainte, face à cette maladie, dans notre culture où l’économique prime, c’est d’entendre : ‘La vie dans une telle situation ne vaut plus la peine d’être vécue. Ces malades coûtent cher, ils pèsent sur la vie de leurs proches’. ».

Mais, au fait, lorsqu’on dit gériatrie, de quoi parle-t-on ? Vous vous en doutez (ou vous vous en souvenez, bande d’intellos), ce mot vient du grec : geros « homme âgé » et iatros « guérisseur ». Plus précisément,  le terme a été lancé par un médecin autrichien immigré aux Etats-Unis, le Dr Ignatz Leo Nascher qui publia en 1914 : «Geriatrics : The Diseases of Old Age and Their Treatment ». En France, la gériatrie, spécialité médicale depuis 2004, se développe surtout à partir des années 60, en lien avec l'efficacité des traitements. Elle est la médecine des personnes âgées avec les soins préventifs, curatifs et palliatifs. Quant à la gérontologie, elle désigne l'étude du vieillissement dans ses dimensions sociale, économique, psychologique. La gériatrie est donc une composante de la gérontologie.

En savoir plus : Consulter le Rapport OMS 2016 sur le vieillissement et la santé, pdf accessible sur le net

Ce que je retiens de cet échange avec cet ami dont l’humanisme rassure et réconforte, c’est qu’en vieillissant, ce qu’il convient de préserver au premier chef, c’est l’autonomie, c’est-à-dire la possibilité et donc la capacité de dire NON, de dire ce que l’on veut et ce qu’on refuse. Et lorsqu’arrive le moment où l’on perd cette capacité de dire NON, reste à souhaiter que l’on soit alors accompagné par des soignants qui éviteront de nous imposer des actes avec lesquels on serait en complet désaccord, si l’on en avait une pleine conscience. Ou bien, sachons repérer le juste temps du juste choix si nos convictions nous portent à décider de la date de notre fin de vie.

Mais cela est une autre histoire, comme l’écrivait Kipling ; j’en parlerai donc plus tard, une autre fois. En cette période de Noël, si l’on en croit Guillaume Apollinaire, « il est grand temps de rallumer les étoiles »

CITATIONS ARCHEO  (OU PLUS CONTEMPORAINES)

Un autre de mes abonnés (il se reconnaîtra), dont j’ai déjà évoqué les excellents billets de savoir ou d’humeur, nous avait régalés, il y a peu, de citations sur la vieillesse, « cette antichambre de notre disparition », selon lui. Il les avait extraites d’un livre de Jean-Loup Chiflet, Attention à la marche, Bouquins – Essai, octobre 2022. Il me pardonnera de lui emprunter celles que j’ai préférées :

L’âge s’empare de nous par surprise. (Goethe)

J’ai revu un ami l’autre jour, il avait tellement changé qu’il ne m’a pas reconnu. (Tristan Bernard)

La mort ne m’aura pas vivant. (Jean Cocteau)

Vieillir, c’est un privilège refusé à beaucoup. (Mark Twain)

Je lis tous les jours la rubrique nécrologie du journal. Si je ne suis pas dans la liste, je retourne travailler. (Woody Allen)

J’ai décidé de vivre éternellement. Pour l’instant, tout se passe comme prévu. (Alphonse Allais)

Allez…  Merry everything and an happy always!

Archéo Feuilleton

Drapeau de la république islamique d’Afghanistan 2013 à 2021Drapeau de la république islamique d’Afghanistan 2013 à 2021Chroniques afghanes

Auteur : Jean-Pierre de Nice

Je veux relayer les cris silencieux qui nous viennent de si loin. C’est pourquoi je vous propose un « archéo feuilleton » en quelques épisodes que je dois à l’un de mes chers abonnés, qui, comme moi, a vécu, en Afghanistan (lui plus longtemps et souvent que moi).

 Les chroniques afghanes sont mes souvenirs afghans, mes « Nouvelles du front » puisés dans mes courriels à mes proches et amis. Appartiennent-ils à l’histoire ? 2006, est-ce si loin ? Hier ressemble-t-il à aujourd’hui ?Jugez-en…

Aujourd’hui ( c’est Noël !) : deux épisodes !

2ème épisode : Kaboul, Octobre 2006

Cela ne s’améliore pas dans le pays.  Les accrochages sont de plus en plus nombreux et meurtriers. À Kaboul même, un calme relatif  et trompeur règne d’autant que la pratique des enlèvements se développe à la vitesse grand V, avec des demandes de rançon qui ne sont plus à la portée de toutes les bourses : on ne retrouve plus le moindre enfant enlevé à moins de 300.000 dollars … Inflation galopante !

L’insécurité permanente freine les tentatives de développement initiées ici et là par la communauté internationale et les ONG. Ainsi, par exemple, des campagnes de vaccinations ont-elles été interrompues, entraînant une recrudescence de la polyo et d’autres maladies endémiques. Ce ralentissement entraîne une grande frustration des populations, et un accroissement du ressentiment à l’égard des étrangers qui « occupent » le pays. Le fait est que l’Afghanistan ressemble plus à un protectorat qu’à une nation indépendante.

Le sort des femmes et des filles demeure plus que préoccupant.  Près d’un tiers des écoles ouvertes récemment ont déjà été fermées, certaines (celles réservées aux filles) incendiées ; des voix de plus en plus nombreuses, y compris au sein du Parlement, s’élèvent pour la suppression du ministère de la condition féminine ; la seule femme gouverneur de province est sur la sellette et accusée de tous les maux ; on estime qu’une femme meurt en couches toutes les 30 minutes etc…. Anecdotes (si l’on ose écrire) récentes : un mari vient de tuer son propre enfant et sa femme, parce que celle-ci était allée chez le coiffeur … Une fillette de 11 ans, vendue par son père à un commandant local, a été échangée par celui-ci contre un chien de race … Comment voulez-vous que ce pays s’en sorte ?!

Scandalisé sans doute par le laissez-aller de la gent féminine à Kaboul (de plus en plus de « simples » foulards, laissant parfois même apparaître les cheveux, ce qui est sans nul doute le commencement de la débauche), un journal vient de lancer un appel à candidatures pour réaliser des « vêtements féminins islamiques » qui devront être « entièrement compatibles avec les normes islamiques » et « répondre aux besoins de la femme afghane actuelle » (sic).

Nos amis Taliban se frottent les mains devant les déconvenues de la communauté internationale, et attendent benoîtement que les Américains les réinstallent au pouvoir … ce qui, d’un avis de plus en plus général, finira bien par arriver si on continue comme ça. Déjà, on parle de négociations secrètes dans certaines provinces, et la lassitude dont font preuve de plus en plus de pays impliqués dans l’aventure afghane, dont le nôtre, n’encourage pas à l’optimisme.

Si cela arrive, en tout cas, tous ceux qui sont morts dans cette « aventure » seront morts pour rien, des fortunes énormes auront été gaspillées pour rien, des énergies considérables pour un travail souvent remarquable des ONG auront été dépensées en vain, des millions de gens auront placé une fois de plus leur confiance dans la communauté internationale pour finir trahis et abandonnés à leur triste sort, et cette même communauté internationale se sera une fois de plus totalement déconsidérée. On commence, hélas, à en avoir l’habitude.

Cela dit, ces braves Taliban, qui considéraient encore il y a 5 ans que internet, la musique, la photo, la danse, l’éducation des filles, la télévision, etc…, étaient des inventions diaboliques dont le seul but était de pervertir les croyants, s’y sont mis peu à peu. On ne compte plus les CD et vidéos de propagande dont ils inondent le marché, et on se régale à consulter leur site internet (actuellement intitulé « Vice of Islam » … par suite de l‘omission fâcheuse du « o » de « Voice ». No comment).

Mais il faut sérieux garder : il y a trop d’intérêts en jeu pour que les malheurs de ce pauvre Afghanistan s’arrêtent : seigneurs de guerre, petits chefs locaux, trafiquants de drogue, marchands d’armes, « experts » de toute sorte à 2 ou 3.000 euros la journée de prestation, etc, sans compter les enjeux géo-stratégiques (intérêt, par exemple, pour le Pakistan d’avoir comme voisin un Afghanistan instable, afin de ne pas laisser son ennemie de toujours, l’Inde, accaparer seule l’intérêt bienveillant  de l’Occident).

La drogue, justement, reparlons-en. Environ 2,5 milliards de dollars de « chiffre d’affaires » l’an dernier, au moins 3 cette année … de quoi entretenir les vocations. La lutte contre les trafiquants n’a quasiment aucune chance d’être gagnée, et de toute façon nombreux sont ceux qui n’ont pas intérêt à ce qu’elle le soit. Ce n’est pas nouveau : c’était déjà comme ça il y a maintenant presque 30 ans, quand je m’occupais de ce dossier à Paris. Business is business … ou Business as usual, ces principes sont toujours d’actualité.

Voilà … nihil novi sub sole … nothing new under the sun … rien de nouveau sous le soleil … L’essentiel est d’avoir bonne conscience, n’est-il pas ? À suivre … Amitiés à tous, Jean-Pierre

3ème épisode : Kaboul, Novembre 2006

 Je vais essayer cette fois de ne pas trop faire de « déclinologie » … mais dans ce pays, en ce moment, il faut déployer des trésors de bonne volonté pour trouver des points positifs. Il va de soi, en tout état de cause, que ce que j’écris n’engage que moi et ne reflète en aucun cas les vues d’institutionnels de quelque pays que ce soit, à commencer par le nôtre.

Par exemple : il fait beau … Anormalement beau et chaud pour la saison. Résultat : la rivière Kabouli, qui traverse la ville, est à sec, et Kaboul est revêtue d’un manteau de poussière qui s’infiltre partout. Dans plusieurs provinces du pays, la sécheresse est dramatique pour les cultures vivrières et cela commence à poser des problèmes tant pour les hommes que pour les troupeaux.

Le président afghan, lui, est, pour la 3ème fois depuis son élection à la tête de l’Etat en 2001 (c’est-à-dire 3 fois en 5 ans), sorti à pied de son palais, il y a quelques jours. Il a fait quelques pas dans une rue commerçante (soigneusement fermée à toute circulation depuis le matin), a discuté avec quelques passants et a même partagé une galette de pain avec certains d’entre eux.

Il est vrai qu’à Kaboul en tout cas, on sent chez les habitants une relative « décontraction » : pas d’incidents majeurs en ville depuis plus d’un mois (depuis les 12 morts dans un attentat devant le ministère de l’Intérieur, en face du lycée français, le 30 septembre), certaines boutiques bien achalandées, un cinéma qui fonctionne plus ou moins (films afghans, américains et indiens). Les enfants et les étudiants, garçons et filles, vont à leurs cours normalement. Mais les combats se rapprochent : il y en a à une trentaine de kilomètres de la ville.

Dans le reste du pays, notamment dans l’Est et dans le Sud, ils restent violents (plusieurs centaines de morts cette semaine encore) et la sécurité dans les villes, y est plus qu’approximative, même si, pour le moment, les promesses d’apocalypse proférées par le mollah Omar ne se sont pas traduites dans les faits. Les forces militaires étrangères font des dégâts collatéraux  qui nuisent beaucoup à l’image de marque des pays occidentaux : morts de civils, destructions de maisons, etc. Les Taliban ne se privent pas non plus : plus de 700 civils afghans ont été tués lors d’attentats à la bombe (surtout contre des écoles) ou d’attaques suicides, encore inconnues en Afghanistan il y a peu.

Sur le plan intérieur, il y a des signes de durcissement religieux inquiétants : le gouvernement a failli rétablir un ministère du vice et de la vertu, comme sous les Taliban, projet heureusement oublié aussitôt qu’émis, devant la réprobation internationale unanime, mais les médecins afghans viennent de recevoir l’ordre de dénoncer aux autorités toute femme qui accoucherait hors mariage. Des voix s’élèvent chaque jour pour réclamer la suppression du ministère de la condition féminine, comme je l’ai déjà indiqué, mais aussi de celui du développement urbain, des réfugiés, et même … de la lutte contre la drogue ! Il est toutefois difficile de faire la part de la « sincérité » de telles mesures et celle du « gage » donné ainsi officiellement à quelques tendances plus ou moins extrémistes.

Grande nouveauté, quasi révolutionnaire : avec l’appui de « Sports sans frontières », le 6 novembre, ont été ouverts officiellement les « Premiers Jeux Olympiques Féminins » de l’histoire de l’Afghanistan ! Je ne suis pas sûr que le CIO ait été consulté sur leur appellation, mais l’essentiel est que ces Jeux aient eu lieu. Pendant 5 jours, les athlètes afghanes se sont mesurées dans plusieurs disciplines : judo, karaté, taekwondo, basket-ball et volley-ball. Le voile était obligatoire (mais pas la burka…). L’entrée était libre pour les femmes, « sur invitation seulement » pour les hommes.

Un « forum des écrivains afghans », patronné par le Goethe Institut allemand et le Pen-Club, a réuni environ 150 d’entre eux, dont un tiers venu des provinces, et a donné lieu à d’intéressants débats.

J’ai visité notre centre culturel de Kaboul, qui est un très bel instrument de travail : beaux locaux, bel équipement technique, belle salle de cinéma-théâtre-concert, belle bibliothèque, belles salles de classe. Il sert de lieu de rencontre pour la jeunesse afghane, en tout cas kaboulie, « branchée ». Environ 200 étudiants y suivent des cours de français, tandis que dans le célèbre ex-Lycée français Istiqlal, qui a formé les élites afghanes, et même le roi Zaher Shah, pendant tant d’années (il était aussi célèbre que le fameux Lycée Chateaubriand de Rome), près de 6.000 garçons sont scolarisés, dont les 2/3 apprennent le français, de même que, au lycée Malalaï voisin, environ 2/3 des 2.000 filles qui y sont accueillies.

Enfin, il semble que même ici (mais sans doute cela restera « entre Français »), le Beaujolais Nouveau va arriver. C’est dire si la civilisation est en marche. Allez … A bientôt pour les mauvaises nouvelles habituelles. Amitiés. Jean-Pierre

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L’ÂGE D’AGIR : Natale a Parigi

Elena Rossi Gallo et Silvia Ramasso, de NEOS EdizioniElena Rossi Gallo et Silvia Ramasso, de NEOS Edizioni

Italiens, amis d’Italiens, Parisiens italianophones se sont retrouvés, le jeudi 23 novembre à 19h  à la Maison de l’Italie, à la Cité universitaire, à Paris, pour la présentation du livre Natale a Parigi,. La salle était pleine à craquer, c’était une vraie joie, et l’ambiance très chaleureuse, un pur bonheur. Les ventes elles-mêmes, à Paris comme à Turin, sont très dynamiques en cette période de fêtes, une bonne nouvelle pour les droits d’auteur, intégralement versés à une organisation humanitaire qui intervient, entre autres zones, en Afghanistan.

Couverture de l'ouvrage Natale a ParigiCouverture de l'ouvrage Natale a Parigi

Elena Rossi Gallo, coordinatrice de l’ouvrage, publié par un éditeur turinois, NEOS EDIZIONI, en rappelle l’objectif :

 « Natale a Parigi est une anthologie de 26 contes, qui tous, comme l’indique le nom du livre, se déroulent à Paris et durant les fêtes de fin d’année. Les auteurs ont, tous, collaboré bénévolement à l’écriture de l’œuvre dont les profits sont intégralement dédiés au financement de projets humanitaires conduits par International Help. Parmi eux, des écrivains renommés, des journalistes, des personnalités du monde de la culture, et d’autres contributeurs talentueux. Tous partagent une connaissance vivante et une réelle passion pour la capitale française, soit parce qu’ils y vivent, soit parce qu’ils aiment la visiter et la revoir, soit parce qu’elle est la ville qui accueille leurs amours et leurs amis. Il n’empêche : chacune des histoires qu’ils racontent évoque des atmosphères et des visions de la ville particulières, originales, et, parfois, très personnelles. Ce livre s’insère dans un vaste projet conduit avec enthousiasme par NEOS Edizioni, qui, chaque année, et depuis maintenant quelques années, publie les contes de Noël de villes telles que Turin, Milan, Gênes, Venise et d’une région, la Vallée d’Aoste. »

 En somme, rendez-vous l’année prochaine !

Heureuses fêtes et bonne lecture !

 *

Mémoires Vives

Par Sylvie Lainé

Auteure d’ouvrages de management et essais personnels, conférencière. Curieuse de tout, de rien, de ce qui passe, des informations venues du monde qui change, des paysages, des gens.

Parcours professionnel : stratégie, communication institutionnelle, management, conduite de changement, ingénierie et animation de formation comportementale, coaching de dirigeants et équipes de direction, évolution culturelle des organisations, négociation et communication interculturelle.

Langues d'intervention : français, anglais, italien

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