Dans ce n°, un sujet tabou : la MORT. L'attendre ? L'aider à survenir ? Comment la préparer ? Et accompagner les proches éplorés ? Vous lirez aussi la 2ème partie des Mémoires vives de Frédéric sur le 17 avril 1975 à Phnom-Penh, et retrouverez votre feuilleton Maya, avant de vous essayer à la calligraphie chinoise / Image d'illustration : Freepik
DROIT ULTIME, DROIT INTIME
QUEL ULTIME REPOS ?
MEMOIRES VIVES : LE 17 AVRIL 1975 à PHNOM-PENH / 2ème PARTIE
ULTIMES PARLOTES ?
PUB : HAPPY END ET DEUX SARAH
ARCHÉO FEUILLETON : CHRONIQUES DU MONDE MAYA
ULTIME TRAIT DE PINCEAU
ULTIME COMMENTAIRE
ULTIME. Un mot répété maintes et maintes fois, jusqu’à saturation. ULTIME ferme les prolongations et les représentations, interdit de poursuivre. On clôture les échanges avec une ultime négociation, une guerre avec une ultime bataille, un règlement de comptes avec une ultime mise au point, un différend avec une ultime conciliation. On jette un ultime coup d’oeil dans un appartement avant de déménager. On prend un ultime bain de soleil avant la fin de l’été. Ultime est un mot rassurant. Après lui, il ne reste rien, la pièce est vide, le mental est nettoyé, le regard est clair. On peut recommencer à empiler, agir, acheter, discuter, changer de lieu, de gens, de gouvernement, de pays. En ce sens, qualifier d’ultime un moment, un passage, est une erreur : ce moment, ce passage sont suivis d’autres. Quel est le seul passage vraiment ultime ? Oui, bien sûr : la mort. Sujet tabou, ou sujet tendance, on ne sait plus, de nos jours, n’est-ce pas, on pense en même temps tout et le contraire de tout. Reste que la mort n’est suivie de rien ou peut-être de quelque chose d’inconnaissable. En somme, elle est définitive. Raison de plus pour décider avec discernement s’il est préférable de l’attendre ou de la provoquer, de la préparer ou d’ignorer sa date de survenance. En 2023, 150 Français tirés au sort se sont penchés sur cet ultime débat, la fin de vie, dans une ‘convention citoyenne’. Il leur revenait de répondre à la question ‘Le cadre de l'accompagnement de la fin de vie est-il adapté aux différentes situations rencontrées ou d'éventuels changements devraient-ils être introduits ?’. Que penser du ‘droit à l’aide à mourir’, selon certains avis bombe à retardement ? Qu’en pensez-vous, qu’en pensent vos proches ? Avant de répondre, pour vous-même et pour eux, lisez ce qui suit, bien modeste florilège de réflexions et d’actions pour tenter d’apprivoiser cette inconnue à laquelle nul n’échappera. Novembre est son mois dédié, ce numéro 26 aussi. Sylvie Lainé
La création d’un ‘droit à l’aide à mourir’ a été approuvée par les députés, à l’Assemblée nationale, le 27 mai 2025, lors de l’examen d’une proposition de loi relative à la fin de vie, déposée par le centriste Olivier Falorni. Dire que ce projet ne manque pas d’opposants déterminés est une litote. Les professionnels de santé mentale appellent à ‘protéger les plus vulnérables’ - notamment les personnes suicidaires - plutôt qu’à ‘faciliter leur disparition’ par la légalisation d’une ‘mort provoquée’. Pourquoi ne pas ‘se contenter’, le texte sur la fin de vie étant finalement scindé en 2 volets, de prévoir un meilleur accès aux soins palliatifs déjà existants, en renforçant les 2 lois précédentes (22 avril 2005 dite Loi Léonetti, et loi Claeys-Léonetti du 2 février 2016 qui instaurait la possibilité pour le patient de demander une sédation profonde et continue jusqu’au décès) ? Le second volet, la proposition dite Falorni, autorisant ‘l’aide à mourir’, fait dit-on hurler certains juristes. Clarifions : l’aide à mourir - euthanasie et-ou suicide assisté - consisterait ‘à autoriser et accompagner une personne qui en a exprimé la demande à recourir à une substance létale (...) afin qu’elle se l’administre ou, lorsqu’elle n’est pas en mesure physiquement d’y procéder, se la fasse administrer par un médecin ou par un infirmier’. Parmi les 5 critères visant à pallier d’éventuelles dérives, figurent ‘l’atteinte d’une affection grave et incurable, qui engage le pronostic vital, en phase avancée ou terminale’, ‘une souffrance physique ou psychologique liée à cette affection, soit réfractaire aux traitements, soit insupportable lorsque la personne a choisi de ne pas recevoir ou d’arrêter de recevoir un traitement’, et ‘l’aptitude à manifester sa volonté de façon libre et éclairée’. Pourquoi donc certains pays européens sont-ils déjà bien avancés en ce domaine ? Leurs cadres juridiques sont-ils plus rigoureux ? Pour certaines vies ‘qui ne vaudraient pas la peine d’être vécues’, la mort est-elle une issue légitime ? Mais pourquoi le législateur s’érigerait-il en juge d’un droit si intime ? Si ma souffrance est telle qu’elle m’incite à choisir la mort, qui - ou quelle loi - peut, à ma place, s’arroger la décision du passage ou non à l’acte ? C’est tellement vrai que le projet prévoit un délit d’entrave à l’aide à mourir. Délit d’entrave critiqué par les magistrats. Entendu le 11 septembre dernier à la Commission des lois du Sénat, le syndicat minoritaire Unité Magistrats SNM Force ouvrière (FO) alerte sur le manque de cadre juridique clair de la proposition de loi sur le droit à l’aide à mourir. Il dit craindre avec ce texte ‘une rupture anthropologique et juridique majeure’ du principe fondateur universel ‘Tu ne tueras pas’, repris dans le Code Pénal et dans le Code de la Santé publique. ‘Le droit pénal est basé sur le principe du droit à la vie, sanctionné par la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH)’. Ce syndicat alerte aussi sur une ‘procédure expéditive’, le médecin devant se prononcer dans les 15 jours à compter de la demande d’aide à mourir, et la personne demandeuse devant confirmer son intention dans un délai d’au moins deux jours. Cela ferait porter une trop lourde responsabilité sur les magistrats. Sur ce point, l’Unité Magistrats SNM FO et l’Union syndicale des magistrats (USM) - syndicat majoritaire dans la profession entendu également le 11 septembre -, semblent tomber d’accord. L’USM, qui a recueilli 63% des voix aux dernières élections représentatives, a publié un communiqué émettant des réserves sur le texte, tout en étant plus nuancé que son concurrent de FO, en substance : ‘On ne se prononce pas pour ou contre le droit à l’aide à mourir, mais on constate ses nombreuses lacunes. Le sujet n’est pas d’autoriser ou d’interdire, mais si on décide d’autoriser, la question est de quelle manière on le fait et comment on protège les plus faibles.’. Les deux syndicats appellent à une définition précise des procédures, ‘pour qu’il y ait le moins de possibilités de contentieux ou de difficultés’.
La loi sur l'aide à mourir sera-t-elle votée avant 2027 ? Le Sénat reporte à nouveau l'examen du texte. Un déni de débat avant un vote qui n’aura donc pas lieu ? Aucun débat futur n’est en effet programmé pour les deux textes concernés : celui sur les soins palliatifs, très consensuel, celui sur le suicide assisté, plus controversé. Pourtant ce sujet sensible intéresse tous les Français. Au printemps dernier, à l’Assemblée nationale, les députés avaient fait leur part en discutant longuement et en amendant le texte sur l’aide à mourir, avant de l’adopter, largement, en 1ère lecture : 305 voix pour, 199 voix contre. La suite, c’était au Sénat de l’écrire, avant un retour devant l’Assemblée, puis une nouvelle lecture au Palais du Luxembourg, et ainsi de suite, jusqu’à une adoption définitive avant 2027, c’est-à-dire avant l’élection présidentielle. Fin de l’histoire ? La faute à l’instabilité politique, cause de tous nos maux, parait-il ? Il est vrai que le changement accéléré de premiers ministres et la priorité budgétaire n’encouragent guère la motivation à explorer des questions aussi pérennes. Certains s’en réjouissent, des voix d’organisations nationales de soignants s’élèvent pour demander une pause. L’Académie nationale de médecine recommande ‘d’écarter l’euthanasie au regard de sa forte portée morale et symbolique’. ll serait préférable de revenir à la recommandation du Comité national d’éthique : développer les soins palliatifs avant de légiférer sur l’euthanasie et le suicide assisté. Cela apaiserait notre société. Quant à Olivier Falorni, il dénonce un ‘sabotage’. Alors quoi ? Attendre début 2026 pour voir se concrétiser la promesse d’un gouvernement vacillant de reprendre le chantier ? Espérer un hypothétique référendum ? Reste qu’il faut avancer, d’une façon ou d’une autre : nous attendons depuis trop longtemps. Il faut ‘bâtir des compromis’, disait l’un de nos récents Premiers Ministres. Or, un tel débat ne peut en aucun cas se satisfaire d’un compromis parlementaire : il est par nature intime.
Juste au cas où… L’Association pour le Droit de Mourir dans la Dignité (ADMD) - https://www.admd.org/ - 82 000 adhérents -, a lancé un appel (auquel on peut s’associer sur son site), pour que le Sénat, à son tour, adopte une loi de liberté en fin de vie.
Sources : Journal Spécial des Sociétés (JSS) in newsletter du 1/10/2025 // article de Rozenn Le Carboulec in Ouest-France du 25/9/2025 // Editorial ‘Apaiser et rassembler’ de Jeanne Emmanuelle Hutin, directrice de la recherche éditoriale à Ouest-France, publié le 20/10/2025. Synthèse de Sylvie Lainé
Voulez-vous être inhumé ? Préférez-vous la crémation ? Celle-ci - environ 45 % des rites funéraires aujourd’hui - va-t-elle bientôt dépasser l’inhumation ? La tendance amorcée depuis une quarantaine d’années se confirme. Selon un sondage IFOP réalisé en 2023, 50% des Français la préféreraient, contre 29 % l’inhumation, les 21 % restants n’ayant pas tranché la question (ou préférant, qui sait, ne pas mourir du tout). En 1980, seulement 1% des Français choisissait la crémation. Ils étaient 36% en 2016. Et la France compte 221 crématoriums en 2025 alors qu’il n’en existait que 7 en 1975. En revanche, en Suisse, le taux de crémation est de 90 % ; au Royaume-Uni, il est proche de 80 % ; idem en Allemagne, en Suède et au Danemark et il atteint environ 74 % en Belgique. En France, cette pratique varie aussi selon les régions : elle est très développée dans l’est du fait d’une présence significative des protestants, pour lesquels elle est autorisée depuis la fin du XIXe siècle. Il n’en est pas de même pour les catholiques. Charlemagne avait imposé l’inhumation et interdit la crémation des dépouilles à partir de l’an 789. Pourquoi ? Pour conserver l’intégrité des corps des défunts jusqu’au jugement dernier bien sûr. Le Vatican n’a levé l’interdiction qu’en 1963. Au fait, quelle différence entre crémation et incinération ? Techniquement, aucune : il s’agit d’un procédé de transformation par le feu. Le mot incinération vient du latin « cinis » - cendres -, de même que crémation, tiré du verbe « cremare » - brûler -. MAIS ne mélangeons surtout pas : l’incinération évoque la destruction des déchets ménagers, brûlés justement dans un incinérateur. Lorsqu’il s’agit de réduire un corps en cendres, parlons de crémation. Et que faire des cendres après la crémation - recueillies dans une urne munie d’une plaque portant l’identité du défunt et le nom du crématorium - ? Si le défunt n’a pas émis de volontés particulières, l’urne pourra être conservée pendant un an dans un crématorium ou dans un lieu de culte (après accord de ses responsables). Depuis la loi du 19 décembre 2008, les cendres d'un défunt, considérées comme une entité unique, ne peuvent être ni partagées ni conservées chez un particulier. Les options prévues par la loi sont la dispersion dans un jardin du souvenir (espace dédié au sein d'un cimetière ou d’un crématorium), en pleine nature - hors des voies publiques ou de propriétés privées sans accord du propriétaire - en mer - l'urne devant être en sel, en sable, en carton ou autre matière biodégradable -, dans un caveau familial ou un columbarium. Il est interdit, on s’en doute, de les disperser sur la voie publique, dans un port, une zone de baignade ou une plage (même celle de La Baule). Une déclaration en mairie du lieu de naissance du/de la défunt/e est obligatoire avant toute dispersion en pleine nature ou en mer.
L’humusation vous tenterait-elle ? Qu’est-ce donc ? On dépose votre dépouille dans un cercueil en carton, tendrement entourée (la dépouille) de petit bois un peu humide, de champignons, de paille. Et voilà, vous vous transformez en compost. Selon l’excellent support The Conversation France, la terramation est un mode de sépulture également inspiré du cycle de la nature mais beaucoup plus écologique. Cela ne vous emballe pas ? Rassurez-vous : vous ne finirez pas (ou en tout cas pas encore) en engrais à salade : la méthode n’a toujours pas traversé l’Atlantique (elle est par exemple accessible dans l’état de New York, à bon entendeur…). Ouf ? Thanatos, préserve-moi des innovations mortuaires ! Mais oui, Thanatos (du grec : Thánatos, mort), vous savez bien, ce beau jeune homme, fils de Nyx - la nuit -, qui personnifie la mort sans violence, et dont le contact est aussi doux que celui de son jumeau Hypnos - le sommeil -.
Sources multiples, dont sites internet, notamment https://www.service-public.fr /L’Echo de la presqu’île du 26/10/2025, Actu.fr, article de Francine Carrière du 20/10/2025 // https://theconversation.com/mieux-enterrer-les-defunts-le-compostage-une-nouvelle-voie-funeraire du 2.05.2025 // Projet F-COMPOST de l’Agence nationale de la recherche ANR. // Synthèse de Sylvie Lainé
L’AMOUR est plus fort que la mort, nous le savons toutes et tous. Une raison, s’il en fallait, de poursuivre l’histoire d’amour d’un demi-siècle pour le Cambodge, de Frédéric Benoliel, Conseiller du commerce extérieur de la France depuis 1986. Dans le numéro précédent, nous l’avons laissé, le 17 avril 1975, face au triste spectacle d’un défilé de malheureux, devant le portail devenu célèbre de l’ambassade de France, des citadins de toutes conditions y compris des malades sortis de force des lits d’hôpitaux et des handicapés transportés par leurs familles sur des brancards de fortune… Suite … |
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Ces images insoutenables perçues depuis mon appartement signèrent le début de l’effondrement psychologique puis physique de plusieurs de ses occupants. Je notais que les plus costauds n’étaient pas nécessairement les plus solides dans leur tête et que d’autres plus modestes dans leurs apparences se comportaient héroïquement en dépit de leur propre détresse. Ainsi ce sportif professionnel qui comme chacun de nous ne disposait pour toute nourriture que d’un bol de riz par jour agrémenté de fleurs de frangipaniers mais qui décida de prendre à la dérobée les quelques rares boîtes de choucroute précieusement conservées pour la communauté et s’enferma dans les toilettes pour s’en empiffrer puis s’en couvrir le corps. Nous dûmes défoncer la porte et découvrîmes alors un homme hagard qui n’était même plus l’ombre de lui-même. Ou bien encore cet homme qui avec obsession voulait se raser chaque jour ce qui matériellement était impossible en raison de la rareté de l’eau et de l’absence totale d’électricité. Un matin où il ne disposa plus de mousse à raser il prit volontairement du... Décap’four dans la cuisine et nous en fûmes alertés par ses hurlements avant de le voir en sang.
Photos : F. Benoliel
Deux femmes françaises mariées à des Khmers se disputaient pour prouver l’une à l’autre que leurs enfants étaient les uns plus Français que les autres de sorte qu’en cas de choix lors d’un “sauvetage” par la France ils aient plus de chances d’être évacués du Cambodge. Un professeur totalement absorbé par la rédaction de travaux sur l’Antiquité romaine m’expliquera très sérieusement qu’il n’avait pas le temps de s’occuper d’autre chose et pas même de sa famille devant absolument achever sa thèse avant de mourir puisque les Khmers Rouges le tueraient bientôt. Une rixe un jour eut même lieu pour savoir qui avait volé une truie et ses porcelets dans la cour…La truie réapparut heureusement assez vite au grand soulagement de chacun ! Quant à moi j'eus aussi mon moment "surréaliste" après quelques jours interminables dans une ambiance explosive. Nous demandant à quoi ressemblait désormais le centre de Phnom-Penh un ami médecin et moi décidâmes de tenter de sortir discrètement de l'ambassade et de nous y rendre. Totalement vidée de ses habitants, la ville nous apparut fantomatique mais jusqu'à la rue des argentiers, longeant discrètement les murs, il n'y eut aucun problème. De nombreuses bâtisses avaient été détruites et apparemment aucun pillage n'avait eu lieu. Le pire nous attendait pour retourner à l'ambassade. En effet une jeep de Khmers Rouges nous avait malencontreusement repérés et vint à nous nous forçant l'arme pointée sur la tempe à monter à bord. Je me demandais si vraiment "Le moment" était venu... Les barrages furent nombreux et la route choisie était à l'opposé de la direction de l'ambassade... Pourtant et contre toute attente après de longues discussions entre les soldats de la jeep et des femmes Khmers Rouges en charge de ce énième point de contrôle le véhicule fit demi-tour et nous ramena jusqu’à l'ambassade. Je ne saurai jamais si ce sont elles qui nous ont sauvés… et si la Femme fut ce jour-là aussi l’avenir de l’Homme. Et puis quelques semaines plus tard la nouvelle de l'organisation prochaine de camions khmers rouges destinés à nous conduire jusqu'en Thaïlande nous parvint. Notre situation d’otages allait prendre fin après plusieurs jours de transport sur des pistes chaotiques, sans certitude absolue quant à la destination finale... Etant le plus jeune du groupe des Français je me portai volontaire pour partir dans le tout dernier camion de l’ultime convoi. En revanche j'aurai le privilège de retourner au Cambodge dès 1979 parmi les premiers invités des nouvelles Autorités cambodgiennes après la défaite des Khmers Rouges. Une dernière vision d'horreur ne me quittera plus. Tandis que notre camion d’évacuation avançait lentement et avec difficulté sur les pistes je soulevais discrètement un coin de la bâche - ce que nous interdisaient les Khmers Rouges - et voyais des champs avec des prisonniers faméliques qui y travaillaient. Soudain une jeune femme vraisemblablement métisse apparut sur la piste, hurlant qu'elle était Française en tentant de s’agripper au camion pour nous rejoindre. Continuant à courir et ne cédant pas à l'injonction du soldat de lâcher prise ce dernier la mit en joue et lui tira une balle dans la tête. Souhaitant après ces quelques souvenirs, aussi douloureux soient-ils pour certains, vous quitter sur une note plus légère laissez-moi vous assurer enfin que je n’oublierai rien et que quoi qu’il puisse advenir je continuerai mon histoire d’amour avec le Cambodge… « Encore et Angkor »… Frédéric Benoliel
Photos : Frédéric Benoliel
Merci beaucoup, Frédéric, de nous avoir confié ces mémoires vives ! À bientôt, sans doute, pour d’autres aventures à partager !
ILLUSTRATION ISSUE DE L’ATELIER « PARLER DE LA MORT NE FAIT PAS MOURIR », DESSIN EVOQUANT LA CITATION SUIVANTE « ET SI JE MOURAIS DEMAIN, J’AIMERAIS… » |
Parler de la mort ne fait pas mourir, c’est ainsi que se nomme le cycle d’ateliers crée par Sarah VIVION, Julia LEHOUX et Mylène CHAUVEL. Leurs points communs ? Elles se sont reconnues immédiatement par leur énergie communicative et unanime autour de leurs activités professionnelles. Elles accompagnent la gestion des funérailles de l’administratif au soutien psychologique en passant par la libération des émotions sur le sujet de la mort.
Convaincues que parler de la mort peut se faire dans la sérénité, elles abordent le sujet via une parole experte, rassurante et apaisante. Elles savent amener le sujet parce qu’elles sont formées, c’est-à-dire qu’avec elles pas de témoignages rudes et dramatiques. Non, on établit un plan, étape par étape, de façon pragmatique et méthodique sur tous les ‘trucs et astuces’ à maîtriser face à la mort. Tri administratif, - je garde ou je ne garde pas mes relevés bancaires depuis 35 ans ? -, le choix de la matière de votre cercueil, celui de l’ambiance musicale : une marche funèbre, le Requiem de Campra, celui de Fauré, ou plutôt les Eagles ou This is the End des Doors ? Tout y passe, et si finalement, parler de la mort c’est prendre ses responsabilités ? Si en abordant la mort, on libérait nos enfants du poids de choix douloureux ?
Face à cette question, il faut en effet que l’on prenne nos responsabilités en tant que parents ou grand-parents. Comment accompagne-t-on les parents pour les aider à aborder le sujet avec leurs enfants, un devoir parental essentiel ? Jouons ensemble avec le curseur de l’âge : mon enfant de 50 ans est-il finalement prêt à me voir partir alors que j’approche les 90 ans ? Mon fils de 6 ans est-il plus résilient face à la perte de son parent ? Parler de la mort doit être vécu comme une expérience sensorielle plus que verbale. Il y a des langages universels : ceux de la mort sont aussi ceux de l’amour. À quel âge un enfant est-il en mesure d’évoquer ces liens interrompus ? Réfléchissons avec l’éternel Jean d’Ormesson : ‘Il y a quelque chose de plus fort que la mort, c’est la présence des absents dans la mémoire des vivants’. Perrine SAILLY
Places limitées, ateliers gratuits : 💻 parlonsdelamort@gmail.com
Bravo à Sarah VIVION (abonnée bien sûr de cette lettre) et ses associées de leur bel engagement ! L’opportunité de lui dédier un paragraphe de pub… Sarah, animatrice formée à l’écoute des personnes endeuillées @ANOVIE, organise et modère des groupes d'entraide visant à libérer la parole sur des sujets tabous, dont la mort et la maladie, mais aussi la valorisation du rôle des personnes retraitées dans notre société. Elle est aussi bénévole et membre du Conseil d'Equipe des Petits-Frères des Pauvres, et adhérente au réseau Gérontopôle de Loire-Atlantique. En savoir plus : contact@anovie-site.fr
Sarah DUMONT nous propose une pub originale de la Fondation PROVEDA, basée en Australie, qui incite chacun à parler de la mort, de ses volontés, et de ce qui compte vraiment.
Sarah VIVION est également ambassadrice des ‘Apéros de la Mort’ pour HappyEnd, site et organisme de formation de référence sur la fin de vie et le deuil, dont la fondatrice est une autre Sarah : Sarah DUMONT. Le sens de son action est de ‘Libérer la parole sur le deuil et d’accompagner ceux qui le traversent’. Sarah DUMONT a créé le premier media d’information sur la mort avant de lancer les ‘Apéros de la Mort’. Des personnes de tous âges s’y retrouvent pour partager leurs expériences de la fin de vie et de la perte d’un proche. En 5 ans, le concept, parisien à l’origine, a essaimé dans 48 villes partout en France. En savoir plus : www.happyend.life
Comment, pas de CONTRE PUB dans ce numéro 26 ? Eh bien NON ! Ce sera pour la prochaine fois.
Et voici maintenant votre feuilleton : Les Chroniques du monde Maya, de Jean-Pierre de Nice. Retour vers le Guatemala ! 2013 - 2025 … En 22 ans, rien de nouveau sous le soleil, n’est-ce pas ? L’épisode d’aujourd’hui est plus souriant que les précédents. Jean-Pierre de Nice s’est surpassé. Son intention est que vous programmiez un voyage dans ce pays de chants et de lumière qu’il aime tant. À vous de voir, non, de lire…
2013 toujours, juin :
La population du Guatemala connaît un très fort taux de croissance : 2,4% et il naît mille enfants par jour ! Ainsi la population devrait atteindre 28 millions en 2050. Sur les 15,3 millions de Guatémaltèques (en 2013), près de 70% ont moins de 30 ans, et (chiffre officiel !) 54% vivent en état de pauvreté - analphabétisme, taux de fécondité des femmes indigènes très élevé, comme le taux de mortalité en couches et infantile, malnutrition, etc … 30% des femmes ne savent ni lire ni écrire. Le revenu mensuel moyen d’un homme de la plus basse classe sociale est de moins de 30 euros, contre environ 580 euros pour la classe moyenne. Ces chiffres sont toutefois à relativiser pour tenir compte de l’économie souterraine, difficilement mesurable.
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Malgré toutes les « horreurs » décrites précédemment, le Guatemala reste un pays particulièrement attachant et intéressant. Attachant, parce que sa population, qui a tant souffert et souffre encore (violence, pauvreté, analphabétisme, …) n’en reste pas moins souriante, accueillante, courageuse, fière, dure à la tâche, et que l’espoir les tient d’une vie meilleure pour la prochaine génération. Intéressant, parce que ce territoire, relativement petit, regorge de splendeurs naturelles, de couleurs chatoyantes, de monuments fabuleux, de sites extraordinaires, d’une variété de merveilles à découvrir inversement proportionnelle à sa taille. Les quelque 24 ethnies indiennes qui peuplent le Guatemala, auxquelles s’ajoutent les « ladinos » et les Garifunas, offrent une diversité de coutumes, de langues, de façons de vivre, de fêtes, de musiques, de costumes, qui enchantent d’autant plus les touristes étrangers qu’ils n’ont rien de « folklorique », mais sont la représentation de la vie quotidienne et naturelle de ces gens. Les fêtes religieuses, empreintes de relents de paganisme et de rites mayas, sont absolument somptueuses, même si les religions dans leur ensemble et le catholicisme en particulier perdent du terrain chaque jour. La jeunesse déborde d’une envie de vivre décuplée par les découvertes qu’elle fait de ce qui se passe ailleurs notamment grâce à internet, sans pour autant renier ses origines, ses usages et son histoire. Les femmes prennent peu à peu conscience de leur pouvoir et du rôle qu’elles peuvent jouer pour faire changer les choses. Certes, la route est encore longue, rien n’est acquis, et il y aura encore beaucoup de sacrifices à faire. Mais cette route, elle est tracée. Le développement économique du pays se fait sentir chaque jour, même si ses fruits restent encore très mal distribués, et entraîne automatiquement une volonté de développement social et humain (santé, éducation, logement, répartition des richesses, réduction des inégalités). Raison de plus pour aimer le Guatemala et lui apporter le soutien de notre amitié et de notre respect.
Photos : Sylvie Lainé, 2011 |
Une convention mondiale sur la civilisation maya s’est tenue ces derniers jours, qui a permis à de nombreux spécialistes, archéologues, ethnologues, épigraphistes, historiens, de faire le point sur les connaissances acquises à ce jour, et sur les perspectives. Il apparaît que de nombreux sites, plus ou moins identifiés, restent à fouiller et à étudier, et qu’une très grande quantité d’informations sur la vie des Mayas reste à en tirer. Les riches ornements des temples, tombes et autres monuments du site de El Zotz, le système hydraulique particulièrement performant mis au point pour alimenter la cité de Kaminaljuyù, l’étude approfondie des glyphes figurant sur de nombreuses poteries, stèles et statues de plusieurs autres sites, comme l’impact sur les espèces animales qui y vivent du développement du tourisme, et donc de la population, sur les grand sites, sont parmi les thèmes abordés. Le mystère (les mystères !) de la civilisation et du peuple mayas n’est pas près d’être résolu. Il reste beaucoup à faire, mais c’est passionnant. Certains spécialistes ont exprimé le souhait que les différents lieux connus retrouvent leur nom d’origine, et non celui, attribué par les Espagnols, sous lesquels ils sont connus. Ainsi de Tikal, par exemple, dont le nom maya était Mutul. Mais le mot « maya » lui-même n’est pas celui de cette peuplade venue d’Asie en Amérique à travers le détroit de Béring : il lui aurait été donné par les Espagnols au moment de la conquête, suite à une « conversation » avec les premiers représentants rencontrés de ce peuple, dont bien sûr ils ne comprenaient pas la langue, après avoir entendu ce mot prononcé souvent par leurs interlocuteurs, « maya » voulant dire « maïs » … en « maya » ! Jean-Pierre de Nice
À suivre … |
Voulez-vous essayer la calligraphie, art épuré, fait de traits noir et blanc, art ultime peut-être ?
Un atelier de CALLIGRAPHIE ! Accompagnés par l’artiste GILT, les participants réaliseront des créations à l'encre de Chine. Gilles Thiebault (alias GILT), après une activité professionnelle dans les arts graphiques et le multimédia, à 70 ans, se libère de toutes contraintes techniques et retrouve l'encre de Chine et l'unique trait du pinceau. En 1983, il s'initie à la calligraphie et à la peinture à l'encre de chine avec le Maître Coréen Ung-No Lee, l'un des principaux peintres coréens contemporains. Aussi retrouve-t-on dans ses oeuvres cette signature graphique épurée du noir et blanc, des aplats de couleur ainsi que la recherche du trait juste. |
C’est le samedi 22 novembre prochain, de 14h à 16h30, sur réservation auprès de Culture-en-Folie, Micro-Folie AU POULIGUEN, salle Marcel Baudry. https://www.lepouliguen.fr/la-micro-folie/ info@culture-en-folie.org Contribution de Marion Jousseaume, médiatrice de la Micro-Folie
https://www.lavillette.com/micro-folie/ |
Je suis assis sur le quai du port que je n’ai jamais quitté Le temps est devenu un peu frileux parce que mes os sont vieux C’est un gris d’hiver sans lueur possible Je ne resterai plus ici encore très longtemps Un ferry va venir : je monterai à bord et je serai seul Pour ce voyage unique et ultime, j’emporterai “Et leurs enfants après eux” Pas besoin de le lire, je connais l’histoire Avec le ferry, je partirai au large Pour ne jamais revenir Car il n’y avait aucune rive à rejoindre de l’autre côté |
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