Dans ce numéro, palabres, forums et débats en série, pistes de lutte et de prévention contre la soumission chimique, retour en Afghanistan, en Roumanie et au Guatemala, mains d'artiste et colliers de nouilles ...
HABEMUS PALABRAM : À QUOI SERT LE DÉBAT ?
HABEMUS RELATIONEM PARLAMENTARIAM : VAINCRE LA SOUMISSION CHIMIQUE
PARUM SPEI HABEMUS : PEU D’ESPOIR POUR L’AFGHANISTAN
HABEMUS PRAESIDEM PERFECTUM : DE L’ESPOIR POUR LA ROUMANIE
HABEMUS PAPAM AMERICANUS : SACRÉES TAXES
HABEMUS MAGNIFICUM MERCATUM RERUM USATARUM : FABRIQUE D’ART
ARCHÉO FEUILLETON : CHRONIQUES DU MONDE MAYA
À quoi sert le débat ? À réformer tel ou tel système, telle ou telle réglementation ou législation ? Ce n’est pas l’ambition (quoique… ça l’est parfois). Le propos me semble plutôt de mettre en évidence des questions pérennes, et de proposer, pour les traiter, des pistes d’actions à adopter ici et maintenant, des actions réalistes, pertinentes, susceptibles d’être expérimentées sans bouleversement sociétal. Ainsi peut-il contribuer à l’évolution des pratiques, sans (trop) de heurts, pas à pas, essai après essai. Si réformer est du ressort de l’Etat, questionner notre réalité est notre affaire à tous. L’une des illustrations de la responsabilité citoyenne est la capacité de débat pour être acteur des évolutions de la société. Or, la France ressemble à une « société de la défiance », où chacun se méfie de ‘l’autre’ et particulièrement de ceux qui nous gouvernent. Or, comme l’on sait, la confiance ne se décrète pas. La perte de crédibilité de la parole et de l’action publique est aujourd’hui une réalité. Valoriser la parole citoyenne peut contribuer à la restaurer à côté d’autres prises de conscience et mutations plus fondamentales sans être plus urgentes. Encourager le débat tend à consolider le pacte social. Cela étant, le débat est aussi un risque qu’il faut affronter. Installer la confiance, faite d’écoute et de dialogue sans animosité, n’est pas naturel. Menacé toujours par la polémique, généralement stérile n’est-ce pas, la surdité sélective aux convictions que l’on rejette, la volonté de parler plus fort, plus longtemps, plus souvent, non pour être écouté, mais pour occuper le terrain, l’agressivité du ton trop souvent à peine voilé. Qu’est-ce que ces pathologies de l’échange serein traduisent ? Les mécanismes du débat public sont-ils encore, au moins en partie, inadaptés ou insuffisants, perçus comme relevant de «l’ingénierie du consentement» (théorisée dans l’ouvrage d’Edward Bernays - 1917/1940 - : ‘Engineering of Consent’) technique visant à imposer tel ou tel message ? Ainsi l’enjeu est-il de passer de «l’ingénierie du consentement» à «l’ingénierie de la confiance». Pour permettre au débat d’être productif, il convient de faire le pari de la co-construction. Quand il est bien organisé et conduit, le débat public permet, non seulement de se parler, mais aussi de s’écouter, pour enfin s’entendre sur une proposition commune. Il le faut : notre monde inquiet, incertain, instable, frileux, a plus que jamais besoin de construire des ponts, de s’ouvrir à la coexistence, de nouer de nouveaux liens citoyens, et de renforcer ces liens par une pratique périodique et responsable du débat. (Source : Extrait chapitre ‘Réformes et dépendances’ Sylvie Lainé in ‘Penser l’avenir pour agir au présent’, ouvrage collectif Presses des Mines 2019)
Dans cet esprit, le “Parlement du Territoire” évoqué dans notre numéro précédent, apparaît être, plus qu’une expérimentation, un nouveau chemin pour y parvenir.
Initié par Sandrine Josso, députée de la 7e circonscription de Loire-Atlantique (Guérande, La Baule, Pontchâteau) et animé par elle-même, son suppléant Luc Geismar et une équipe mobilisée et enthousiaste, le Parlement du Territoire a présenté, le 26 avril dernier, la restitution des travaux de sa première année d’existence, laquelle a donné lieu à la publication d’un Livre Blanc, qui traite les différentes thématiques étudiées : santé et prévention, justice et sécurité, environnement jeunesse, éducation, recherche; vie démocratique locale. Transmis aux institutions (préfecture, ministères, écoles, gendarmerie, commissariats), ainsi qu'aux partenaires locaux, nous pouvons vous le faire parvenir au format pdf. Il suffit d’en exprimer la demande en commentaire de ce numéro ou même par courriel direct à la rédactrice en chef.
Reste une question clé pour nous les vieux : quelle valeur ajoutée avons-nous dans le débat public ? Quelques pistes : qui, mieux que nous, incarne la mémoire collective et l’expérience ? Ne sont-ce pas là deux ressources précieuses pour enrichir la réflexion publique et apporter une perspective historique sur les enjeux de société ? Qui plus que nous, faisons vivre toutes les formes de bénévolat, moteur important de la cohésion sociale et de la vitalité démocratique locale ? Nous sommes disponibles (ça dépend des moments), compétents (pas tous), en pleine santé (enfin, bon) et ne demandons qu’à nous impliquer davantage. Nous sommes porteurs de capacités citoyennes et d’engagement, notre voix (certes parfois bredouillante) est nécessaire, elle est donc essentielle. Par ailleurs, arrêtez, chers puissants qui nous gouvernent, d’essayer par tous les moyens de nous piquer le pognon de nos caisses de retraite. |
Avez-vous participé à un débat public ? Qu’en avez-vous pensé ? Avez-vous trouvé ce mode de participation citoyenne utile ? Inutile ? Racontez-nous !
Puisque nous avons commencé cette lettre en parlant de débat, de parlement, de députés, continuons (un peu, mais pas trop, rassurez-vous).
Le 12 mai dernier, la sénatrice de Meurthe et Moselle Véronique Guillotin et la députée Sandrine Josso (oui, c’est également à elle qu’on doit le Parlement du Territoire. Et, non, je ne reçois pas de fonds d'une organisation quelconque pour écrire ces articles, c’est juste qu’elle est la députée de ma circonscription et que je m’intéresse à ce qu’elle fait) ont remis à la ministre Aurore Bergé un rapport gouvernemental sur la soumission chimique.
Rappelons que la soumission chimique est définie par l'article 222-30-1 du code pénal comme "le fait d'administrer à une personne, à son insu, une substance de nature à altérer son discernement ou le contrôle de ses actes afin de commettre à son égard un viol ou une agression sexuelle".
Les auteures soulignent une sous estimation des statistiques des situations en cause, due entre autres causes, au manque d'informations, tant chez les victimes que chez les professionnels susceptibles de le détecter, au symptôme d'amnésie caractéristique de ce mode opératoire, privant la victime de tout souvenir, à la disparition rapide des drogues administrées dans le sang et l'urine.
Pour répondre à cette question de santé publique, elles préconisent 50 recommandations afin de combler les lacunes dans la prévention et d’améliorer la prise en charge et l’accompagnement des victimes, notamment :
une campagne de sensibilisation du public ;
la formation des professionnels de santé, de justice, de sécurité ;
la prise en compte de la spécificité du contrôle chimique dans les enquêtes ;
et une évolution du droit pour garantir la reconnaissance des violences facilitées par substances.
Le sujet vous alerte ? Vous voulez en savoir plus ? Visionnez la vidéo du 13 mai dernier, de l’audition des auteures devant la délégation aux droits des femmes de l’Assemblée nationale, sur les conclusions de leur mission : https://www.assemblee-nationale.fr/dyn/actualites-accueil-hub/presentation-des-conclusions-de-la-mission-sur-la-soumission-chimique
Cela dit, le problème avec les problèmes, c’est qu’il s’en présente trop simultanément. Aussi choisit-on parfois de ne s’attaquer à aucun sous l’étonnant prétexte “qu’il y a plus grave et plus urgent.”. Ainsi peut-être estimez-vous qu’il existe des situations plus graves et plus urgentes à traiter dans le monde ? C’est votre droit. Joyeuses Saisons vous propose alors et comme toujours de regarder vers l’Afghanistan.
Grâce à notre partenaire, le Club France-Afghanistan, nous avons découvert une pépite (in https://arman1.org/ ) : une interview d’Olivier Weber, écrivain, grand reporter, ancien ambassadeur de France. Elle éclaire sur cette réelle menace que constitue pour la stabilité régionale et mondiale le joug des Talibans sur l'Afghanistan. L’essentiel du travail d’Olivier Weber porte sur la couverture des guerres, des révolutions et des récits de souffrance humaine à travers le monde. Il s’est rendu à plusieurs reprises en Afghanistan pour attirer l’attention de la communauté internationale sur ce que vivait ce pays, par des essais, romans, reportages et documentaires. Un court extrait de ses propos lors de cet entretien :
Les présidents américains Trump puis Biden ont donné les clés du pays aux talibans après un soi-disant accord de paix qui n’était qu’un accord de retrait, lequel ne fut même pas respecté. Nous savions très bien après l’acte I du règne des talibans de quoi ils étaient capables. Je n’ai jamais cru en une quelconque modération de la politique et de la vision des talibans. J’ai toujours pensé qu’il y avait un nivellement par le bas entre les différentes factions, dont celle de Kandahar et celle du réseau Haqqani à Jalalabad. Plus loin : Les plus grandes menaces qui pèsent aujourd’hui sur l’Afghanistan sont la radicalisation du régime, notamment envers les femmes, les risques de famine et le terrorisme avec la présence par exemple de Daesh Khorasan. Tant qu’il sera sous la coupe des talibans, ce pays représentera une menace de déstabilisation régionale dont le Pakistan fait déjà les frais.
Pour lire l’intégralité de l’entretien : https://arman1.org/wp-content/uploads/2025/04/ArmanMagazine8.pdf Attention, les 1ères pages sont en persan !! Le français n’arrive qu’ensuite, soyez patients.
Mais au fait, pourquoi dans ‘Joyeuses Saisons’ donner une place significative aux soubresauts des autres bouts du monde, à côté d’un enracinement assumé dans le territoire local ? Question de regard et question de temps. Un vieux regard devine à travers les événements dont il est informé les conséquences quotidiennes et humaines des situations effleurées. Un vieux regard prend le temps de se souvenir, pas nécessairement de son propre passé (quoique, parfois), mais du passé du monde. Et cela, les femmes et les hommes plus jeunes ne peuvent le faire, mobilisés qu’ils sont sur la vie qu’ils construisent ou subissent, sur leur existence sociale, les succès et les pleurs de leurs enfants, leurs ambitions et leurs amours. Certes les vieux n’échappent ni aux contraintes, ni aux exigences sociales, ni aux amours, ni aux pleurs. Mais ils les vivent, pour la plupart, avec recul, sans grand enjeu, presque distraitement pour les plus sages. Le temps qui reste est pour eux trop compté pour le gaspiller en mouvements browniens. Il cultivent la curiosité qui les entraîne vers d’autres lieux, d’autres beautés, d’autres tristesses. Et même s’ils ne voyagent plus beaucoup, ils gardent en mémoire les paysages traversés, les langues incomprises, les mets partagés, les pieds nus des enfants et les odeurs de poudre et de mouton rôti. Enfin, à quoi peuvent-ils servir, les vieux, si ce n’est à inciter les jeunes gens à ralentir pour s’intéresser aux mondes si nombreux et si divers, si violents, tellement plus violents que celui qu’ils habitent, celui dont ils attendent trop, ou, ce qui est pire, dont ils n’attendent rien ?
Qu’en pensez-vous ? Vous êtes d’accord ? Pas d’accord ? Ecrivez-nous pourquoi !
Bien sûr, en lisant ‘PARUM SPEI HABEMUS’, vous avez compris : ‘NOUS AVONS PEU D’ESPOIR’.
Cherchons vite à le retrouver en revenant en Europe, en Roumanie, où tout s’arrange (ou presque). Le dimanche 18 mai, la victoire de Nicusor Dan, le maire libéral de Bucarest, avec 53,6 % des suffrages - soit une avance d’environ 800 000 voix sur son concurrent -, a soulagé la plupart des Européens. Dans les grandes villes du pays, Nicusor Dan a même obtenu des scores qui dépassent 70 %. De fait, ce succès n’était pas garanti, après un premier tour où il était loin derrière le candidat d’extrême droite George Simion, qui prônait conservatisme culturel, nationalisme économique et populisme social. Selon Antonela Pogacean, chercheuse au Centre de recherches internationales (CERI) de Sciences Po, ce retournement souligne à la fois la volatilité de l’électorat et la puissance de mobilisation dans un contexte de forte polarisation politique. Et la Roumanie reste travaillée par de profondes inégalités socio-économiques et le mécontentement d’une partie significative de la population. Elle estime que ce qui a permis la victoire du maire de Bucarest a, sans doute, été la peur : de l’effondrement économique, de l’isolement au sein de l’UE, qui serait profitable à la Russie ; peur aussi des tensions sociales qu’aurait pu exacerber l’agressivité du candidat de l’extrême droite s’il avait été élu. Mais il serait illusoire de croire à une adhésion massive au projet technocratique et néolibéral de « bon gouvernement » promu par Nicusor Dan et centré sur la lutte contre la corruption, avec pour mots d’ordre l’efficacité administrative, la réduction des dépenses de l’État et une méfiance à l’égard de la redistribution. Le mécontentement se manifeste en dépit d’un bilan positif de l’économie roumaine, au moins jusqu’à la pandémie. Le PIB par habitant a doublé depuis l’intégration à l’UE en 2007 et s’est établi à 79 % de la moyenne européenne en 2024. Pourtant, cette croissance – adossée à un modèle fiscal favorable au capital et aux gros revenus à travers un taux unique d’imposition sur les revenus de 10 % et sur les entreprises de 15 % – masque des disparités sociales de plus en plus visibles. La richesse s’est concentrée dans les grandes villes, le sous-investissement chronique dans les services publics, en particulier dans l’éducation et la santé (privatisée en partie) pénalise des secteurs importants de la population. Plus de 40 % de la population est menacée par la pauvreté ou se trouve déjà en situation de pauvreté extrême. Quant au taux de chômage, 26,3%, il se situe parmi les plus élevés d’Europe. (Source, 23 mai 2025 : https://theconversation.com/un-repit-pour-la-democratie-roumaine )
Les abonnés qui me suivent depuis le premier numéro de cette lettre savent que l’un de mes (très) proches réside en Roumanie sans parler de quelques autres abonnés roumains. Puis-je alors résister au plaisir d’insister sur l’une des caractéristiques de Nicusor Dann ? Un normalien élu président de la Roumanie ! Il fut en effet reçu au "3ème concours" de l’Ecole Normale Supérieure à titre étranger en 1992. Une nouvelle formule avait été mise en place, permettant de faire concourir des étudiants étrangers sans leur imposer un programme précis. Or deux étudiants roumains, tous les deux médaillés d'or aux Olympiades internationales de mathématiques, souhaitaient poursuivre leurs études en France. Ce 3ème concours était l'outil pour ce faire. Nicusor Dan et son compatriote Andrei Moroianu furent admis. Alors que Nicusor Dan a décidé, après sa thèse, de rentrer en Roumanie pour y travailler comme chercheur en mathématiques, Andrei Moroianu est resté en France, où il est maintenant directeur de recherche en mathématiques au CNRS. A la suite de ce premier succès de coopération avec la Roumanie, un programme de bourses a permis à plus d'une centaine d'étudiants roumains en sciences et en sciences humaines et sociales de venir étudier dans l'une des écoles normales supérieures françaises. (Source : Linkedin)
ALERTE INFO ! Le pape américain annonce une hausse de 150% des droits de douane sur les hosties et l’eau bénite !
Estimez-vous cette nouvelle fiable ?
Sachez en tout cas qu’elle explique le choix fait pour ce numéro, de titres en latin (de cuisine), histoire de donner de la cohérence au titrage des articles.
Et maintenant, une annonce spécialement destinée aux vieux du Pouliguen, sympathique ville balnéaire de la presqu’île de Guérande, en Loire-Atlantique. Les résidents principaux ou secondaires de la presqu’île peuvent aussi la lire. De même que les non vieux et les futurs vieux du Pouliguen, surtout s’ils sont adhérents de Culture en Folie. Quant aux vieux, non vieux et futurs vieux qui ne résident PAS au Pouliguen ou dans la presqu’île de Guérande, nous les remercions de ne pas négliger cet article, après tout la France, ce n’est pas que Paris. Et que le très fidèle abonné qui m’a déclaré la dernière fois que j’ai évoqué Le Pouliguen : ‘Moi, ce qui se passe au Pouliguen, ça m’est un peu égal, je passe mes vacances en Lorraine.’ sache que je lui pardonne (de passer ses vacances en Lorraine).
Passons au principal : Parmi les nombreuses activités culturelles, Culture en Folie propose des activités MANUELLES. Mais SI. Or, la main est un outil culturel, et l’objet d’art s’ennoblit en s’exposant non seulement dans les musées, mais aussi dans les cuisines.
Ainsi, AL de Paris écrivait-il, naguère, à ce sujet :
L’art doit être à la dimension humaine. L’art, il faut qu’on ait envie de le mettre dans sa cuisine. Il peut s’agir d’un objet, utile, et on est là dans le domaine de l’artisanat. S’il peut s’agir d’un objet qu’on accroche au mur pour l’admirer aussi souvent qu’on le souhaite, d’une gravure, d’une photo, d’un tableau, d’une sculpture, il peut s’agir aussi d’un objet très simple, utile au quotidien, que l’on pose sur une table, qui fait partie du décor habituel d’un foyer. L’art c’est aussi de l’artisanat, n’en déplaise à ceux qui qualifient d’art post contemporain certains innommables fatras. Ces caricatures impossible à regarder au quotidien, elles ne peuvent être exposées que dans des lieux fermés, réservés à quelques uns qui s’extasient en faisant des selfies avec leurs téléphones devant ces trucs-là. Je ne peux les qualifier autrement : ce sont des trucs, ce n’est pas de l’art. L’ART, ce n’est PAS une exposition, l’ART ne se confond pas avec le musée. Il peut certes être exposé, mais il est d’abord destiné à exister dans la vie des gens. L’art, c’est d’abord du sentiment, il doit être présent dans toutes nos journées. S’il n’y a pas de sentiment, il n’y a pas d’art. L’artiste ressent et fabrique.
Eh bien, justement, à la Micro Folie du Pouliguen, existe un FABLAB. Qu’est-ce ? Un espace qui offre, en partenariat avec le Repair Café de la presqu’île guérandaise (là où on redonne vie aux objets malmenés) , l’opportunité de s’initier à des logiciels de conception 3D (en ce moment est expérimenté le “Fusion 360”). Venez comme vous êtes, bien sûr, mais de préférence avec votre ordinateur portable ! Il existe même, figurez-vous (ils sont fous, à Micro Folie), un atelier d’initiation à la couture, justement intitulé ‘Aiguilles en folie’. On peut y confectionner un objet à la machine ou même apporter son tricot en papotant autour d’un café. Génial, n’est-il pas ?
Mais que faire des productions de l’atelier ‘Aiguilles en folie’ ? Pourquoi ne pas les vendre ? Et, justement, le 24 mai dernier se tenait l’un des très célèbres vide greniers du Pouliguen. Un membre éminent du Conseil d’administration de Culture en Folie y a assuré la permanence. De splendides bavoirs brodés, des couvertures en lin de livrets de santé, des petites trousses fleuries étaient proposées à des acheteurs enthousiastes (‘Je vais faire un tour. Je repasse tout à l’heure. Peut-être’). Combien de ces petits objets cousus avec soin ont-ils été vendus ? Combien cette vente exceptionnelle a-t-elle rapporté ? Nous ne vous le révélerons pas : cela relève du secret des affaires. Non, n’insistez pas.
Participer ? Contactez info@culture-en-folie.org
Rejoignez des adhérents HEUREUX, bien qu’ils ne soient pas tous vieux…
Et, ailleurs, en France, rendez-vous dans la Micro-Folie la plus proche en consultant la carte https://www.lavillette.com/micro-folie/
Et maintenant, retrouvez avec un titre habituel, en français, un nouvel épisode du feuilleton ‘Chroniques du monde maya’
Retour vers le Guatemala et le monde maya, étonnant mélange de jungle, de violence et de beauté, avec Jean-Pierre de Nice, et ses feuilletons culturels et historiques. 2013 - 2025 … En 22 ans, rien de nouveau sous le soleil, n’est-ce pas ?
Photo S.Lainé / 2011/ Village guatémaltèque
Juin 2013 / La malnutrition sévit encore dans le pays, où les habitants, souvent à l’écart de tout progrès survivent dans un état d’extrême pauvreté. L’accès aux soins est quasiment hors de portée de ces malheureux, dont la quasi-totalité n’a jamais quitté son village. La mortalité infantile atteint un taux très élevé, et la scolarisation reste une utopie pour l’immense majorité des enfants.
Avec la saison des pluies (mai-octobre), les glissements de terrain ont repris, entraînant leur lot habituel de morts et de maisons détruites. Le moindre morceau de terrain (bords de route, talus) est cultivé par les habitants des villages, au prix d’un déboisement massif. La terre n’étant plus retenue, elle emporte tout sur son passage. Pendant ce temps, les chefs des entreprises de goudronnage des routes ou du bâtiment signent des contrats juteux de reconstruction, et mettent juste ce qu’il faut de sable dans leur ciment pour que lesdits travaux ne durent pas plus d’une saison.
Au milieu de tous ces malheurs, les femmes organisent des marches pour la paix, et ici ou là, des fêtes populaires permettent à tous d’oublier un peu la dureté de l’existence et l’absence d’avenir.
La France a cru devoir inscrire le Guatemala sur sa « liste noire », de 17 paradis fiscaux, les menaçant que l’Agence Française de Développement cesse d’intervenir chez eux … Cela a déclenché ici le rire et la colère. Le rire, car la presse s’interroge notamment sur « l’oubli » par notre pays de Monaco, de l’Andorre, ainsi que de Saint-Marin et autres micro-paradis fiscaux. La colère, car la France est taxée d’hypocrisie et d’arrogance. Dans un article particulièrement virulent, une journaliste rappelle que les entreprises françaises ne sont pas les dernières à distribuer des pots de vin pour obtenir des marchés, et ne manque pas de saisir l’occasion pour relancer quelques affaire médiatiques. en y ajoutant pêle-mêle les interventions françaises néo-coloniales au Mali et ailleurs … Un autre journaliste n’hésite pas à parler de « tyrannie française » et estime que le gouvernement français est en train d’asphyxier son propre secteur productif et ferait donc mieux de s’occuper de ses propres affaires. Il saisit l’occasion (on mélange tout, on fait de l’amalgame, mais l’essentiel est de frapper fort !) pour dénoncer la situation coloniale des possessions française aux Antilles et dans le Pacifique sud, qui, souligne-t-il, sont considérées par l’OCDE comme … justement des paradis fiscaux ! Enfin, un autre journaliste encore indique que, de toute façon, la France ne représente que 3% des investissements étrangers au Guatemala, et que donc le pays peut très bien s’en passer. Bref : beaucoup de bruit (et de dégâts en termes d’image) pour finalement pas grand-chose … la France aurait peut-être pu s’abstenir de déclencher cette polémique.
Le bon général Rios Montt, arrivé au pouvoir par un coup d’Etat des « jeunes officiers », a été le dictateur du pays de mars 1982 à août 1983 : suspension de la Constitution, déclaration de l’état d’urgence, puis de l’état de siège, création de tribunaux secrets, rien n’était négligé pour le bonheur du peuple. Il s’était même, dit-on, adjoint les services d’experts reconnus : des agents du Mossad et de l’Afrique du Sud d’alors. Il est, dit-on toujours (ah ! les mauvaises langues …), responsable de la mort de 150.000 à 200.000 personnes (Indiens pour la quasi-totalité) pendant cette brève période. Hélas pour lui, son ministre de la Défense l’a renversé avant qu’il ait eu le temps de donner toute la mesure de ses talents Tout de même, il a eu le temps de faire raser 440 villages indiens, et de faire jeter vivants dans l’océan, depuis les hélicoptères de l’Armée, environ 10.000 malheureux. Après avoir néanmoins coulé quelques années heureuses et tranquilles, et même (on croit rêver !) été décoré par le Pentagone en 1985, voilà que certains défenseurs des droits de l’Homme sont venus lui chercher noise, lui qui, à 87 ans bientôt, menait une vie pépère au milieu des siens, après une tentative ratée de revenir au pouvoir. Et il s’est trouvé, oui, un tribunal pour condamner le brave général à 80 ans de prison, le 13 mai dernier, 50 pour génocide envers les Mayas et 30 pour crimes contre l’humanité. Et hop ! En prison ! Mais qu’on se rassure très vite : il n’y est resté qu’une seule nuit, avant d’être admis dans un hôpital militaire. Et dès le 20 mai (c’est fou comme parfois la « Justice » peut être rapide !), la Cour Constitutionnelle, sur un recours de ses avocats, a cassé le jugement.
Devant la colère des gens et l’indignation générale, la Cour Constitutionnelle, sans doute prise de remords, a finalement décidé de renvoyer notre ami devant la Justice. Palabres entre les tribunaux "compétents" ... finalement, celui qui l'avait jugé (et condamné) a fait savoir qu'il ne pouvait plus s'en occuper et a refilé le bébé à un autre tribunal. Celui-ci vient de faire savoir que son agenda était hyper-booké jusqu'en avril 2014 au moins, mais qu'après, on allait voir ce qu'on allait voir ... L'avocat de Rios Montt s'en est désolé, genre "nous souhaitions tellement que mon client soit rapidement absous de tous ces crimes odieux qui lui sont injustement reprochés" .... mais bon : nous nous inclinons respectueusement devant la décision du tribunal et nous attendrons avec impatience l'an prochain ... Et à propos, ajoute-t-il, puisque tout est annulé et qu'on revient au dossier de base, il faut absolument remettre mon client en liberté : "tant qu'on n'est pas déclaré coupable, on est innocent". Rios Montt, qui était avant son premier procès simplement "assigné à résidence" chez lui, est actuellement dans un hôpital militaire où il est soigné pour hypertension artérielle, troubles cardiaques, maux dentaires, problème de prostate, douleurs vertébrales, et j'en passe ... Pas de doute qu'il irait tout de suite beaucoup mieux si il revenait chez lui paisiblement ! L'avocat de la Ligue des Droits de l'Homme a réclamé l'annulation de l'annulation de sa condamnation, et la juge a dit qu'elle n'était pas en mesure de fixer une date pour le nouveau procès, car elle n'avait pas encore reçu le dossier (sic) ...
A suivre ….