Mémoires Vives, une nouvelle formule pour Joyeuses Saisons : des histoires de vie pour une rencontre des générations. Notre 1er récit nous ramène à Phnom-Phen le 17 avril 1975 ... Vous vous souvenez ? Ensuite, PUB pour des débats d'enfants et CONTRE PUB avec les décombres afghans, avant, bien sûr, notre feuilleton, Les Chroniques du monde Maya
MEMOIRES VIVES : LE 17 AVRIL 1975 à PHNOM-PENH
PUB : DEBATS D’ENFANTS ET CONTRE PUB : DECOMBRES AFGHANS
ARCHÉO FEUILLETON : CHRONIQUES DU MONDE MAYA
ARCHÉO BRÈVES : LA QUESTION DU MOIS, L’EXPO DU MOIS
AU REVOIR, ROBERT REDFORD !
BONNE LECTURE !
L'expérience de vie n'est pas transmissible, dit-on. Fragment de l’Histoire avec un grand H, elle se noie dans l’oubli, pire, dans le mépris. Nous n’en retenons que les progrès scientifiques, propres à nous tuer les uns les autres plus proprement, ou à accélérer la venue du surhomme, fait de chair et de câbles. En revanche, l’expérience racontée est une légende, qu’on lit ou écoute avec plaisir, avec effroi parfois, avec curiosité toujours. Elle cesse d’être une leçon.
Le récit de vie sert la seule transmission qui vaille : celle du courage, de l’amitié, de l’espérance, de la compassion, de l’humilité, de la simple joie de vivre et d’aimer. Le récit de vie séduit, on peut y reconnaître ses propres sentiments et émotions sans pour autant se l’approprier. Ainsi est-il exemplaire et non contraignant. La Mémoire est un patrimoine commun, culturel, historique, familial, intergénérationnel.
Mémoires Vives propose de faire connaître des récits de vie, extraordinaires ou ordinaires, vies engagées, créatives, aventureuses ou paisibles, toujours inspirantes, vies passées qu’on ne revivra plus. L’enjeu est, par la rencontre avec ces récits, de renforcer le lien entre les aînés et ceux qui les suivent, par le dialogue et le débat, réponse à l’indifférence et l’incompréhension, rempart contre le rejet d’où découle la violence. Je ne peux manquer ici de reprendre la citation la plus célèbre de Ferdinand Foch, maréchal et fournisseur inégalé de hautes pensées : "Parce qu'un homme sans mémoire est un homme sans vie, un peuple sans mémoire est un peuple sans avenir."
La guerre des Anciens et des Modernes serait une tragédie, consolidant la tentation d’une culture de violence, de la guerre de tous contre tous. Donnons envie aux humains en croissance de regarder dans le miroir l’image de ceux qu’ils deviendront. Miroir, mon beau miroir, est-ce ainsi que je serai ? Car Mémoires vives portera également une parole jeune, voire enfantine. Comment perçoit-on ce qui va suivre lorsqu’on a 10 ans, 17 ans, 40 ans ? Qu’admire-t-on, que refuse-t-on ?
Parce que Mémoires Vives décline Joyeuses Saisons en une nouvelle orientation, y règne un même esprit, une même ambiance d’humour (la politesse du désespoir, comme écrivait Chris Marker) voire de rire (l’élégance de l’anxiété, comme je l’écris), de billets d’humeur, de feuilletons d’autres bouts du monde. Prendre de l’âge reste une aventure qui intéresse des explorateurs de 17 à 97 ans qui portent sur le monde un regard parfois sage, parfois étonné, parfois amusé.
Si j’en suis toujours la rédactrice principale, si y contribuent toujours les commentateurs habituels, abonnés de longue date, d’autres rédactrices et rédacteurs nous rejoignent. Amis lecteurs, seriez-vous heureux de partager une tranche de vie ? N’hésitez plus, nous sommes prêts à l’écouter ou la lire pour, ensuite, la publier. Que notre joie demeure ! Sylvie Lainé
Vous pensez que ‘c’était mieux avant ?’. Lisez ce qui suit.
Conseiller du commerce extérieur de la France depuis 1986, Frédéric Benoliel, fervent pratiquant de ‘l’activité citoyenne’, se présente ainsi :
Voilà plus d'un demi siècle que, même éveillé, l'Asie me fait rêver...Non, il ne m'a jamais quitté cet adolescent qui flânait à Marseille sur le Vieux-Port, observant les paquebots des Messageries Maritimes aux noms évocateurs de lieux remplis de mystère en partance pour l'Extrême-Orient…
On comprend que, pour lui, l’Asie soit une histoire d’Amour d’un demi-siècle…
50 ans déjà…! Un demi-siècle très précisément…! Ma vie d’adulte écoulée depuis mon tout premier séjour à Phnom-Penh qui faillit être le dernier. Et pourtant tout aussi présent que si je l’avais rêvé hier, le cauchemar du 17 Avril 1975 me revient sans cesse et je sais que les visages de mes étudiants khmers assistant alors fidèlement jusqu’au dernier jour à mes cours de Droit International ne cesseront jamais de me hanter. Je suis revenu depuis maintes fois à Phnom-Penh comme attiré par un aimant et plus que jamais je comprends aujourd’hui comment ces “années Khmers Rouges” m’ont conduit ensuite à ne jamais trop m’éloigner du Cambodge même s’il m’a fallu pour cela m’expatrier successivement dans plusieurs pays asiatiques, depuis l’Inde jusqu’au Japon en passant par le Vietnam et l’Indonésie. Arrivé à Phnom-Penh en 1974, comme coopérant VSNA, l’ancêtre du VIE* actuel, mon logement se situait dans une annexe de l’ambassade de France, voisine de l’hôpital Calmette.
Photos F.Benoliel
Les 17 et 18 Avril 1975 les étrangers encore présents au Cambodge, ainsi que quelques Cambodgiens cherchant refuge, furent dirigés par les Khmers Rouges vers l’ambassade choisie probablement en raison de ses grands espaces et de sa localisation géographique. Ainsi ce fut donc “chez moi” que je devins en quelques instants, comme chacun, otage, convaincu sans jamais en faire état alors que d’une façon ou d’une autre nous ne survivrions pas longtemps. En effet ayant fréquenté beaucoup de Cambodgiens qui avaient réussi à fuir les villes déjà tombées entre les mains des Khmers Rouges et ayant entendu, en voulant ne pas trop y croire, quelles y furent leurs exactions, l’espoir même le plus modeste ne me semblait plus de mise. Cette certitude de mort programmée était palpable et d’autant plus contagieuse que j’avais ouvert les portes de mon appartement conçu pour trois ou quatre occupants à une quarantaine de personnes diverses ayant pour point commun le désespoir. Mon vécu de ces quelques semaines à l’ambassade eut donc la particularité assez unique de réunir des “colocataires malgré eux” dans ce qu’avait été mon appartement devenu à la fois leur refuge et le lieu de leurs drames nourris d’incompréhension, de séparations brutales et d’une peur omniprésente de la mort. Quoique diffus dans mes souvenirs les comportements de mes compagnons d’infortune entre eux m’auront beaucoup appris sur les hommes et les crises, les apparences le plus souvent trompeuses et la dure réalité. En quelques heures pour nous tous tout avait basculé. Épuisés par les morts quotidiennes, les roquettes incessantes s’abattant sur Phnom-Penh, les séparations, les rationnements et la peur du lendemain, la population dans son ensemble perçut les toutes premières heures de l’arrivée des Khmers Rouges comme une libération porteuse de paix quel qu’en fût le prix. De ce matin inoubliable du 17 Avril j’entends encore le brouhaha sourd, inhabituel et incompréhensible alors pour moi de la liesse populaire. Je descendis sur le boulevard Monivong pour observer de plus près la scène et je vis s’approcher en file indienne des petits hommes vêtus de pyjamas noirs, armés d’AK47, l’écharpe « krama » autour du cou, le teint sombre et le visage dénué de tout sourire. Plus ils avançaient vers la foule et plus la joie initiale des Phnom-Penhois s’estompait. Puis comme à l’approche d’un typhon un silence lourd s’imposa, tout s’immobilisa comme en une séquence figée et chacun pressentit qu’un ordre nouveau allait asservir tout un peuple. Prétextant de façon ridicule en la circonstance du risque d’un bombardement américain imminent annoncé à l’aide de porte-voix à travers la capitale, la population fut ainsi contrainte par les Khmers Rouges à l’exode pour une destination inconnue. Défilèrent alors devant le portail devenu célèbre de l’ambassade de France des citadins de toutes conditions y compris des malades sortis de force des lits d’hôpitaux et des handicapés transportés par leurs familles sur des brancards de fortune…”
*V.I.E Volontariat international en entreprise, service civique mis en place pour encourager l'activité des jeunes et des entreprises à l'étranger.
À suivre dans le prochain numéro …
Frédéric Benoliel a tant de vies à raconter, que, bien sûr, nous le retrouverons dans cette lettre. Mais si vous voulez en savoir plus dès maintenant, nous vous suggérons d’écouter le podcast https://www.youtube.com/embed/Z9L_EbsNIEE :
Perrine SAILLY, une ‘plume’ qui n’écrit pas pour n’importe quoi, est ravie de rejoindre Mémoires Vives de Joyeuses Saisons. Son rôle ? Faire vivre une rubrique ‘brèves et regards d’enfants’, pour faire naviguer le curseur de l’âge.
Ceci est une pomme | Il arrive que les enfants écoutent les anciens. Le jour d’arrivée de l’été, s’est tenu, à l’instar du Parlement du Territoire, initié par la députée Sandrine JOSSO, de la 7ème circonscription de Loire-Atlantique, un Parlement des enfants. Près de 80 jeunes d’une dizaine d’années, s’y sont réunis par groupe de 10, pour “Ensemble, créer du Sens”: débattre, se mettre d’accord, proposer des actions. Aux âmes bien nées (tous les enfants sont dans ce cas) agir en citoyen n'attend pas le nombre des années, n’est-ce pas ? Les sujets évoqués ? Ceux qui les concernent ou les alertent dans le monde qui les entoure : le harcèlement, le sport, les classes adaptées, les sans-abris, les écrans, les incivilités et … ce que l’on consomme. |
Qu’ont-ils retenu de leurs débats ? Laissons la parole à Jules, 11 ans : ‘Nous ce que l'on veut montrer, c'est qu'on est pas différents, on a tous à apprendre l’un de l'autre ! C'est ça l'intelligence!’. Aux âmes bien nées etc…
Des adultes (plus ou moins “anciens”) étaient invités pour raconter à ces jeunes des histoires vraies, des histoires de vie, de métier, de ténacité, de motivation, de travail, de difficultés et de réussites. Ainsi ont-ils rencontré Gilles FOUCHER, mytiliculteur à Pen Bé, une baie de petites plages, un quartier d’Assérac, l’une des perles de cette presqu’île que tous nos lecteurs n’habitent pas, oui, nous le savons. Vous n’êtes jamais allé à Assérac ? On vous pardonne et vous y attend. Gilles FOUCHER, donc, mytiliculteur à Pen Bé, se présente les bottes en caoutchouc à la main comme s’il ne pouvait pas les quitter. Vous avez la mémoire qui flanche et vous vous demandez ce qu’est la mytiliculture ? Mais oui, bien sûr, c’est l'élevage des ‘mollusques filtreurs de la famille des Mytilidae’, autrement dit les moules marines, autrement dit les moules, qui naissent et grandissent mais pas trop - avant de devenir de succulentes marinières. Les enfants ne savaient pas non plus (vous n’êtes pas seuls !). À la question ‘Savez-vous comment on appelle un éleveur de moules ?’, ils ont proposé, pour la plupart : ‘Un mouliste !’… ‘Un moulier !’. Produire et récolter des moules, c’est vivre et travailler avec l’océan, en respirer les effluves, en admirer les vagues, de quoi transmettre de la poésie quotidienne à des enfants aux yeux grand ouverts. Ils ont rencontré aussi un couple de paludiers, Lionel et Françoise CHARTEAU. Comment ne pas présenter le travail des marais salants dans le pays du sel ? Comment ne pas s‘émerveiller de ces pratiques ancestrales, de la beauté et de la douceur de la fleur de sel, qui fait la renommée mondiale des oeillets des salines ? Et lorsque la soif a titillé les citoyens en herbe, ils ont savouré un jus de pomme local, présenté par Laurent GUILLET, l’entrepreneur qui a suivi le chemin des ses grands-parents Edmond et Marie, fondateurs de la cidrerie KERISAC, née en 1920. L’occasion pour lui de raconter ses souvenirs familiaux, et l’histoire des pommes que l’on croque, que l’on cuit, et que l’on boit, en les transformant en cidre à consommer avec modération à la différence du joyeux jus de pomme bu sans ivresse.
Le mot de la fin, c’est Céline qui l’a prononcé : ‘Je n'ai jamais bu un aussi bon jus de pomme de toute ma vie’. Sachez, enfin, que cette pub discrète pour un jus bien de chez nous, est gracieuse, nous ne sommes PAS des influenceurs, qu’on se le dise.
Laissons les enfants aux pépites dans le regard écouter des récits aussi surprenants que des contes. Oui, les enfants savent ECOUTER les anciens. Et de telles rencontres valent tous les écrans du monde et les loisirs toxiques qu’ils génèrent trop souvent.
Est-il exact qu’après les séismes en Afghanistan, les secouristes talibans ont abandonné les femmes sous les décombres ? Ni soin ni compassion pour les femmes (et les filles) victimes. Pourquoi ? Mais voyons, c’est évident : la charia (en tout cas telle que comprise par les Talibans), bien plus importante que la vie des Afghanes interdit aux femmes le contact physique avec un homme qui n’est pas de leur famille, et ce, même en cas d’urgence. Fin août et début septembre, la terre afghane, en colère, détruit, blesse et tue dans les provinces de Nangarhar, Laghman et Kounar, situées dans l’est du pays. Des milliers de morts, encore plus de blessés enfouis sous les gravats. Mais parmi ces morts et ces blessés, combien d’humains de sexe féminin ont-ils été comptabilisés ? Assez peu, semble-t-il, tout au moins au début de la catastrophe, selon une enquête du New-York Times publiée le 4 septembre. Femmes et adolescentes, dont certaines en sang et aux membres brisés, ont été rassemblées dans des coins de villages et abandonnées là. Quant à celles dont on entendait les cris sous les poutres écroulées, souhaitons que leurs souffrances aient été brèves. Les équipes médicales, majoritairement composées d’hommes, attendaient l’arrivée de femmes d’autres villages pour les dégager et les soigner. Selon le journal Le Monde, les ONG n’ont même pas pu accéder aux lieux réservés aux femmes sinistrées. Cette discrimination sexiste régnait aussi dans les hôpitaux, les femmes ne pouvant être touchées que par des femmes, de plus en plus écartées des professions médicales. On aimerait tant que les journaleux aient exagéré pour ‘faire le buzz’. Ce n’est malheureusement pas certain. Ainsi l’appel à lever les restrictions imposées aux travailleuses humanitaires afghanes, de l’Organisation Mondiale de la Santé, est-il resté sans réponse. Rappelons, en effet, que depuis le mois d’avril 2023 les femmes n’ont plus le droit de travailler pour les organes des Nations Unies en Afghanistan. De même, depuis décembre 2024, a été décidée la fermeture des ONG nationales et étrangères qui emploient des femmes afghanes. Aujourd’hui, seulement 10 % du personnel de soin est féminin et elles sont très peu nombreuses dans les organisations de secouristes. Heureusement, les Afghanes loin d’être passives, résistent tant bien que mal, avec l’aide de la diaspora. Ainsi, en septembre 2024, était organisé à Tirana en Albanie le premier Sommet des Femmes afghanes. Une occasion de sommer les gouvernements étrangers de prendre position. Face au gYnocide afghan, l’inertie de la communauté internationale est insupportable pour les femmes de ce pays meurtri. Il est temps, grand temps d’encourager plus concrètement leur résistance et celle de leurs compagnons masculins, tous les Afghans ne partageant pas les convictions talibanes. (Sources multiples dont ‘Les Nouvelles News L’autre genre d’info’ du 26.09.2025)
Et voici maintenant votre feuilleton (préféré ?) : Les Chroniques du monde Maya, de Jean-Pierre de Nice. Retour vers le Guatemala ! 2013 - 2025 … En 22 ans, rien de nouveau sous le soleil, n’est-ce pas ? Au fait, les archéo feuilletons ce sont également des mémoires vives, mais qui racontent des paysages, des peuples, des injustices, des migrations, des conflits, des sourires d’enfants sans (trop) mettre l’accent sur des souvenirs personnels. Ceci explique sans doute la discrétion de notre feuilletonniste attitré, Jean-Pierre de Nice !
2013 toujours, juin :
La question des migrants préoccupe beaucoup les autorités locales, qui suivent avec attention le débat au Congrès américain sur le projet de nouvelle loi sur l’immigration. Il faut dire que quasiment 10% des Guatémaltèques (1,4 million) ont émigré aux Etats-Unis, dont environ 1/3 seulement est en situation régulière. C’est que le montant des transferts d’argent à leurs familles a atteint, en 2012, plus de 5 millions de US$, soit 28% des rentrées de devises du pays. Si la nouvelle loi américaine venait à régulariser l’ensemble de cette population émigrée, elle ne pourrait sans doute pas s’opposer à des regroupements familiaux, et, dès lors, cette source de revenu en devises serait en grande partie tarie. Alors que ce projet de loi suscite beaucoup d’espoir parmi les nouveaux candidats au départ, les autorités guatémaltèques leur lancent des messages d’alerte, pour appeler leur attention sur le fait que, si elle est adoptée, elle ne concernera que les émigrés d’avant le 1er janvier 2012. Pour les autres, elle durcira fortement les possibilités d’arriver clandestinement aux Etats-Unis (renforcement de la sécurité matérielle des frontières, recrutement de 10.000 gardes-frontières supplémentaires) et facilitera par ailleurs les procédures d’expulsion.
Les cadavres non identifiés de plus de 2.500 candidats à l’émigration ont déjà été retrouvés au cours des 10 années passées, notamment dans le désert de l’Arizona, qui s’ajoutent à ceux qui ont pu être identifiés ! Cela ne semble pas décourager les désespérés qui espèrent encore une vie meilleure pour eux et leur famille dans l’Eldorado qu’ils imaginent être les Etats-Unis … Sur le plan social, les effets sont pervers. Ce sont essentiellement des hommes qui partent, laissant derrière eux femme et enfants au village. Ceux qui réussissent à passer, et à trouver du travail, envoient, au moins au début, quelques subsides à leurs proches. Mais souvent, et vite, ils fondent une nouvelle famille aux Etats-Unis. L’absence de nouvelles, volontaire ou non, l’impossibilité d’identifier un corps, la disparition sans laisser de trace, pose également des problèmes juridiques : comment être déclarée veuve dans ce cas, comment procéder aux successions, …Et ces femmes, élèvent donc seules comme elles peuvent leurs enfants, légitimes ou non … et sont souvent obligées de les mettre au travail dès l’âge de 7 ans pour subvenir aux besoins de la famille, et de toute façon elles n’auraient pas les moyens de les envoyer à l’école.
Photos S.Lainé 2011
Je reviens sur le travail des enfants. On estime ici que près d’un million d’enfants et d’adolescents (5-17 ans) travaillent, des enfants Indiens pour la quasi-totalité, de milieu rural et donc employés dans les travaux agricoles. Les autres vendent en ville des produits divers, aident dans l’atelier ou la boutique des parents, recherchent dans les décharges publiques les détritus éventuellement recyclables, sont affectés à de durs travaux de construction ou de réfection des routes, ou, au pire, mendient. Dans tous les cas, il s’agit d’un travail non rémunéré et qui, sans aucun doute, affecte d’une manière ou d’une autre le développement physique, intellectuel et moral de l’enfant. Parmi cette population infantile exploitée, 70% sont des garçons. Mais ce chiffre ne prend pas en compte les travaux domestiques auxquels sont astreintes les filles. La pauvreté est la première cause de cette exploitation de la main d’œuvre infantile, mais il faut aussi tenir compte de la mentalité et des habitudes sociales locales, qui, parce que parents et grands-parents y ont été eux-mêmes soumis, considèrent que le travail des enfants est normal. En tout état de cause, il est, pour la plupart de ces familles très démunies sinon d’une extrême pauvreté, une absolue nécessité. Le gouvernement guatémaltèque n’investit qu’un demi euro par enfant et par an pour les actions d’aide à l’enfance ! Autrement dit, rien. En fait, le travail des enfants est une obligation économique, pour les familles comme pour le pays.
Les problèmes liés à l’environnement commencent à préoccuper sérieusement l’opinion publique « éclairée » (donc une minorité), et quelques cris d’alarme sont lancés ici ou là. Mais la préservation de l’environnement n’est pas non plus une priorité du gouvernement, qui a d’autres chats à fouetter, comme la violence ou le narco-trafic. Il existe certes un procureur de la République spécialement chargé des infractions aux diverses lois et règlements qui, sur le papier en tout cas, régissent les domaines concernés : eaux douces, forêts, préservation des richesses naturelles, etc … Mais de son propre aveu, il n’a pratiquement aucun moyen de poursuivre les contrevenants. Les principales infractions constatées sont liées à l’abattage illégal d’arbres et à la contamination des lacs et rivières. Mais il n’a à sa disposition aucune étude ni analyse du milieu environnemental qui lui permettrait, par exemple, de déterminer qu’à une date donnée, en effet tel lac ou telle rivière a bien été pollué, et donc, de déclencher une enquête pour savoir par qui. Et la pollution gagne sans cesse du terrain. L’Agence guatémaltèque des Eaux finance actuellement, à hauteur de 7 millions de US$, 37 actions dans le pays, dont il est difficile de dire si elles sont efficaces ni d’en mesurer l’impact, si jamais elles en ont un ! Elle a par ailleurs l’ambition de faire en sorte que 100% des communes du pays aient enfin l’eau courante. On en est encore très très loin, alors que le Guatemala dispose de près de 100 milliards de m3 d’eau douce, dont il n’utilise qu’environ 10%. Quant à l’abattage des arbres, pour étendre les cultures ou pour construire, il reste pratiquement incontrôlé : nécessité fait loi ! Les campagnes, les routes, les rues des villages, sont jonchées de sacs et de bouteilles en plastique, de cannettes, et de déchets de toutes sortes. Chaque citoyen majeur est, pourtant, tenu au paiement d’une taxe annuelle spécialement destinée au maintien de la propreté de sa ville ou de son village, à l’enlèvement et au traitement des ordures. Mais où va l’argent ?
Photos S.Lainé 2011
L’assassinat de 8 policiers, et l’enlèvement d’un neuvième dans un commissariat de la ville de Salcaja, a provoqué une intense émotion. Le crime a été attribué aux narco-trafiquants. Il semble que les meurtriers aient connu au moins l’un des membres de cette équipe de policiers. Mais il est surtout probable que, d’une façon ou d’une autre, les policiers en question, ou au moins certains d’entre eux, aient été en « relation d’affaires » avec les trafiquants de drogue, et qu’il s’agisse d’un règlement de compte interne. Les policiers sont souvent impliqués dans le crime organisé, soit par intérêt personnel, soit parce que victimes d’un chantage : si tu ne travailles pas pour moi, tu es mort … La ville de Salcaja, 17.500 habitants pour la majorité paysans, située sur la route panaméricaine qui relie le Nord, le centre et le Sud du pays, est souvent le lieu où se rencontrent commanditaires et fournisseurs pour discuter de leur business et le lieu de passage de toute sorte de trafics et de contrebande, notamment en provenance du Mexique. Son contrôle donne lieu régulièrement à des règlements de compte et autres fusillades entre bandes rivales. En mars 2012, 4 détectives de la police venus enquêter sur place avaient disparu, et n’ont toujours pas été retrouvés. Le gouvernement guatémaltèque vient de déployer plus de 1.500 soldats, équipés de matériel lourd dans 9 régions du pays, pour renforcer les forces de la police nationale dans la lutte contre la criminalité. Ces forces sont actuellement composées de 22.500 hommes et devraient atteindre 35, puis 40.000 agents à terme. Rapporté à la population, ce chiffre est inférieur de moitié aux standards internationaux en matière de police… La qualité (douteuse …) peut-elle suppléer la quantité ?
À suivre …
À notre avis, ceux de nos lecteurs qui ne passent PAS leurs vacances au Pouliguen (ils sont, paraît-il, nombreux) finiront par venir dans cette agréable station balnéaire de la presqu’île de Guérande. D’ailleurs, il est temps de leur poser une question…
La question du mois (toute référence à une question posée récemment par un groupe d’étudiants sur WhatsApp serait fortuite) :
Le POULIGUEN POUR ⬜️ ou CONTRE ⬜️ ?
L’expo du mois : vous avez aimé Hokusai (147 000 visiteurs au Château de Nantes) ? Poursuivez votre exploration de l’esthétique japonaise, avec le sculpteur BERNY. Imprégné de cette culture, il se réfère plus particulièrement à la méditation bouddhiste Zazen et à la philosophie WABI-SABI. C’est quoi WABI ? La représentation de choses simples pour un retour aux sources. C’est quoi SABI ? La beauté du temps qui passe, de ce qui se fracture, se ride, vieillit. La célébration de l’imperfection, des créations brutes et lumineuses, un monde de lumière, entre technologie moderne et objets usagés… L'inverse de notre société occidentale ? Venez en juger. Où ? Mais OUI, bien sûr, AU POULIGUEN, à la Micro-Folie, salle Marcel Baudry. Quand ? Tout au long de ce mois d’Octobre. S’informer : https://www.lepouliguen.fr/la-micro-folie/ info@culture-en-folie.org
C’était une communication de notre envoyée spéciale au Pouliguen, Véronique Louazel, qui accompagne les transitions de vie et nous présente sa vision de la culture :
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Bien que Robert Redford soit mort et ne puisse plus nous raconter grand-chose, nous allons poursuivre cette transmission des mémoires. Saviez-vous, au fait, qu’il disait (paraît-il) : ‘En vieillissant, le temps passe plus vite. Tout d’un coup, l’avenir se change en passé, demain devient hier.’