LA SOCIETE DU SPECTACLE

Dans ce n°21 - La SOCIÉTÉ DU SPECTACLE - : la colère historique d'un grand de ce monde, bien avant Donald - Nikita Khrouchtchev -, une affiche pour la paix, la suite du 1er épisode du nouveau feuilleton - Chroniques du monde maya -, la Fête du court métrage à Culture en Folie et une invitation à vous cultiver près de chez vous !

Mémoires Vives
7 min ⋅ 15/03/2025

SOMMAIRE DU N°21, BONNE LECTURE !

LA 3ème CHAUSSURE DE NIKITA

LA SOCIETE DU SPECTACLE

AU-DELÀ DU SPECTACLE : DESSINER LA PAIX

ARCHEO FEUILLETON : CHRONIQUES DU MONDE MAYA

CULTURE EN FOLIE : LA FÊTE DU COURT METRAGE

L’ÂGE D’AGIR : CULTIVEZ-VOUS PRÈS DE CHEZ VOUS !

LA 3ème CHAUSSURE DE NIKITA

Source photo : Gateway to Russia / gw2ru

Souvenez-vous… Si vous êtes sexagénaire (au moins)… Le 12 octobre 1960, lors d’une réunion de l’Assemblée générale des Nations unies, le dirigeant soviétique Nikita Khrouchtchev aurait enlevé sa chaussure et, pendant son discours, frappé son pupitre avec afin d’exprimer sa colère. Qu’en est-il ? Cette histoire est largement considérée comme un mythe. Ce jour-là, une atmosphère tendue régnait : on discutait de la « question hongroise » – la répression du soulèvement en Hongrie par les troupes soviétiques en 1956 -. John Loengard, photographe du magazine Life, a depuis témoigné : Khrouchtchev « n’a assurément pas frappé sa chaussure sur la table », même s’il « avait clairement l’intention de le faire ». Certes une photo montre, sur la table devant Khrouchtchev, une chaussure sur laquelle repose sa main. Certains racontaient même qu’il s’agissait d’une TROISIEME CHAUSSURE sortie d’un cartable : la scène était préparée. Et, de fait, le dirigeant soviétique manifesta sa colère de manière spectaculaire, en gesticulant, en interrompant les débats et en mimant l’intention de se servir de la chaussure. Mais comme l’a dit Loengard, Khrouchtchev « a fait semblant que la prochaine fois, il frapperait son pupitre avec sa chaussure. Or, il l’a simplement remise et est parti. Aucun de nous ne manquerait de prendre une telle photo, si cela avait eu lieu ! ». En somme, ce qui reste vrai, c’est que ce geste théâtral, ou plutôt la simulation de ce geste était programmée. Pourquoi ? Pour protester contre les accusations portées par le représentant des Philippines, qui dénonçait la domination soviétique en Europe de l’Est. Il s’agissait d’attirer l’attention sur les critiques envers le colonialisme occidental, un sujet central de son discours. Frustré par le refus du président de séance de lui donner la parole, Khrouchtchev aurait ainsi exprimé son indignation. Cette mise en scène a eu des répercussions : l’épisode a consolidé l’image d’un leader impulsif et provocateur, amplifié l’idée que l’URSS était prête à défier l’ordre établi, mais cette dénonciation du colonialisme occidental a pu également renforcer le soutien des nations émergentes au bloc soviétique. Il a surtout contribué à ternir la crédibilité de Khrouchtchev en renforçant son image d’homme imprévisible. À moyen terme, s’ajoutant à d’autres actions controversées, cet acte théâtral a peut-être mené à sa destitution en 1964.

Cela vous rappelle une scène récente ? Certains dirigeants de notre chère planète choisiraient-ils délibérément de se mettre en scène, en sur jouant leurs rôles ? Serions-nous dans une société du spectacle ?

Avant de poursuivre avec une piste de réponse à cette question, je voudrais évoquer l’une de mes sources : le portail ‘Fenêtre sur la Russie’, dont le nom est inspiré de « Fenêtre sur l’Europe » utilisée en 1759 par l’Italien Francesco Algarotti pour parler de Saint-Pétersbourg et reprise par Pouchkine dans Le Cavalier de Bronze. Le site se présente comme une fenêtre dont les battants s’ouvrent sur la Russie, de l’apprentissage du russe au tourisme, en passant par l’obtention d’un visa, et la recherche d’emploi. Pour éclairer l’actualité, il n’est pas exclu que Joyeuses Saisons vous emmène le visiter à nouveau… L’adresse est l’abréviation de la version anglophone (Gateway to Russia) : gw2ru. https://fr.gw2ru.com/art/225313-fenetre-sur-russie

LA SOCIETE DU SPECTACLE

Un philosophe, aujourd’hui largement oublié, eut son heure de gloire dans les années 50/60. Il s’appelait Debord, Guy Debord. Il a écrit, entre autres, un livre intitulé : La Société du spectacle. Passablement visionnaire, il y anticipait l’esclavage engendré par les technologies. Au début des années 1970, lorsqu’on a commencé à parler de pollution, il ne s’en est pas étonné, il y a vu le symptôme d'une société soumise à la dictature de l'économie laquelle exige le développement de la QUANTITE des marchandises, donc l’intégration de l'usure aux objets. Le but visé est la création artificielle de la pénurie, dont la conséquence est justement cette pollution et le dérèglement climatique. Quant au spectacle, c’est la religion de la marchandise. Le spectaculaire a pollué l’architecture, les paysages, ce que nous mangeons, ce qui nous divertit, ce que nous croyons, nos envies, nos soi-disant besoins, et, pire que tout, les rapports humains. Les liens sociaux sont devenus d’abord et seulement des échanges marchands. Et toutes nos relations tendent à devenir des relations marchandes. Guy Debord a inventé ce qu’il appelait le ‘situationnisme’, qu’il refusait de considérer comme une idéologie. Selon lui, le situationnisme est une idée, une posture de vie qui induit la critique généralisée et permanente, le dépassement de n’importe quelle idée, en bref de tout ce qui existe. Le situationnisme n’est pas, n’est plus, n’a jamais été un mouvement politique. C’est un état d’esprit que Debord lui-même a enterré, en 1972, dans un texte illisible dont le titre était La Véritable scission dans l'Internationale Situationniste.

L’excès dans l’expression, le ‘jusquauboutisme’ de la pensée condamnent-ils tous les postulats posés ? Faut-il jeter le bébé avec l’eau du bain ? Debord n’avait sans doute pas tort sur tout.

Qu’avons-nous gagné en fin de compte avec la marchandisation du monde et de nos liens ? Le trans humanisme, les réseaux anti sociaux plutôt que sociaux, l’individualisme forcené, la télé-réalité, les jeux vidéo meurtriers qu’on reproduit dans la vraie vie… Qu’avons-nous gagné ? Une forme nouvelle de pauvreté, morale, culturelle, artistique, et même matérielle. L’abondance est frustrante, on n’est jamais rassasié. C’est de la religion du spectacle qu’est née cette nouvelle pauvreté qui fait se sentir pauvre lorsqu’on manque ces “nouveaux” produits, qu’il FAUT acquérir, la dernière version de smart phone par exemple. Malheureusement, faute de moyens suffisants, on a dû y renoncer… Malgré le crédit à la consommation toujours renouvelé, malgré le dépôt d’une demande de surendettement, malgré les aides sociales…

Vivrait-on dans une société malade ? Une société malade qui a rendu notre planète malade ? Une société malade qui met en scène et en films d’actualité les guerres dont on avait oublié qu’elles nous menaçaient encore ? Une société malade qui nous propose de suivre en direct les passes d’armes de dirigeants qui manient l’insulte comme d’autres le compliment ? Fort avec les faibles, faible avec les forts, avertissait le proverbe, toujours aussi valable. À force de clamer qu’il faut préparer la guerre lorsqu’on veut la paix, à peu près tous ceux qui nous gouvernent finiront bien par réussir à en déclencher une. Une guerre où l’on tue de loin, drones obligent, mais où l’on continue à torturer et violer de près, parce qu’on ne se refait pas. Nous, les vieux, je parle des “vrais” vieux, nés à la fin de la dernière guerre mondiale ou juste après, nous nous faisons une assez juste idée de l’horreur. Même si nous n’avons pas directement subi les pénuries, tremblé dans les abris, ou pire, suffoqué dans des trains en route vers l’enfer, ou encore vu nos proches et nous-mêmes transformés en statues de sel face au champignon de l’apocalypse, on nous a raconté. Ou pas, ce qui n’est pas mieux. Les parents qui se taisaient avaient trop de souffrance pour oser la partager, ou pire, trop d’indifférence à cacher pour risquer en la dévoilant, d’être jugés. En France et en Allemagne, et partout en Europe, et également ailleurs, on se demandait, si nos parents n’étaient pas morts, ce qu’ils avaient commis ou ignoré pour ne pas avoir été tués. Nous avons, très jeunes enfants, (un peu) manqué de vitamines et bu le lait qu’on nous distribuait dans les écoles. Nous, les “vrais” vieux, on n’a pas la mémoire qui flanche - en tout cas, pas tous -. Et on s’autorise à vous alerter : le spectacle, c’est pas toujours du cinéma.

Qu’en pensez-vous ?

AU-DELÀ DU SPECTACLE : DESSINER LA PAIX

ARCHEO FEUILLETON : CHRONIQUES DU MONDE MAYA

Photo S.Lainé 2011, temples maya émergeant de la jungle

C’était annoncé dans le n°20 : Joyeuses Saisons vous emmène au Guatemala, pays chatoyant où sévit régulièrement l’ami Jean-Pierre de Nice, producteur vedette de feuilletons. Après ses péripéties afghanes, il nous propose de nouvelles chroniques qui nous ouvrent le monde maya, étonnant mélange de jungle, de violence et de beauté. Mais il tient à nous rappeler l’alerte de Jared Diamond, le biologiste et géographe américain, auteur d’Effondrement (2005), sur le déclin de sociétés anciennes, comme les Mayas  : “les Mayas étaient la civilisation la plus importante du Nouveau Monde. Néanmoins, ils se sont effondrés en raison d’une exploitation bien trop importante des ressources naturelles, notamment l’eau. Si nous limitons l’exploitation excessive des ressources alimentaires et naturelles, il y a de l’espoir”.

10 juin 2013 : Suite du 1er épisode, amorcé dans le n°20

Trente quatre délégations des pays américains se sont réunis à Ciudad de Guatemala début juin 2013 pour discuter des problèmes liés au trafic et à la consommation de drogues. En lisant les résumés des débats publiés dans la presse, j’avais l’impression de relire les rapports que je recevais ou écrivais lorsque j’étais moi-même chargé de ces problèmes (1978-1981) !!! Toujours les mêmes discours, toujours les mêmes constatations, toujours les mêmes propositions inapplicables, toujours les mêmes lamentations, et toujours plus d’argent dépensé pour toujours moins de résultats … ou en tout cas, pas plus. La question récurrente de la dépénalisation de certaines drogues dites « douces » a été comme toujours largement débattue, et comme chaque fois il a été décidé de n’en dépénaliser aucune … Le lobby des trafiquants, qui voient bien sûr cette possible mesure d’un très mauvais œil, a été une fois de plus efficace … Une prochaine réunion aura lieu en 2014 : cela permettra de nouveau aux « spécialistes » de faire un petit voyage et de pérorer à qui mieux mieux. Le trafic de drogues est très pourvoyeur d’emplois : il fait vivre les trafiquants, les revendeurs, les « guetteurs », les transporteurs, les « spécialistes » de la lutte contre le trafic, les « spécialistes » de la lutte contre la consommation, j’en passe, et permet aussi à certains pays de se fournir copieusement en armements divers et variés auprès de certains pays qui en font un commerce fort lucratif (et dont la France n’est pas la dernière !). Le blanchiment de l’argent sale permet au secteur de la construction de prospérer, au commerce de luxe de se développer tous azimuts, aux « oligarques » de mener la belle vie et donc de créer des emplois pour le « petit personnel », tout va très bien, Madame la Marquise !!” Jean-Pierre, suite dans le n°22

CULTURE EN FOLIE : LA FÊTE DU COURT METRAGE

Philippe, président de Culture en Folie, a répondu à la question : pourquoi une fête du court métrage ?

Cette manifestation annuelle est née de la volonté de mieux faire connaître le court métrage au plus grand nombre. Pendant une semaine, cinéphiles ou néophytes, jeunes publics, familles et passionnés, explorent la magie du court, partout en France et à l'international, à l'occasion de cette grande fête gratuite et ouverte à toutes et tous. Au-delà des projections organisées partout en France et à l’international, l’événement est aussi l’occasion d’animations, rencontres ou encore d’ateliers d’éducation à l’image. Pour participer, échanger, fabriquer, apprendre et amener le cinéma à la portée de toutes et tous. Initié par "Faites des Courts, Fête des Films", FCFF, association regroupant ceux qui font, aiment et font aimer le court métrage, l’événement est soutenu par le CNC - Centre national du cinéma - et de nombreux autres partenaires institutionnels, de programmation et de diffusion, ou des medias. J’insiste sur la bonne nouvelle : les projections se déroulent partout !

En savoir plus : https://www.lafeteducourt.com/

Outre la fête du court métrage, Culture en Folie offre en mars ses habituelles activités avec le musée numérique, l’atelier Danse, et bien d’autres ! Demandez le programme : info@culture-en-folie.org

Et, ailleurs, en France, rendez-vous dans la Micro-Folie la plus proche en consultant la carte  https://www.lavillette.com/micro-folie/

L’ÂGE D’AGIR : CULTIVEZ-VOUS PRÈS DE CHEZ VOUS !

Comment ? Vous résidez au Pouliguen, ou dans l’une des communes de la presqu’île de Guérande ou de Cap Atlantique, dans l’agglomération de Saint-Nazaire, ou dans celle de Nantes et vous n’avez pas encore adhéré à Culture en Folie ? Est-ce possible ? Ce lieu magique où la culture est reine, gratuite et ouverte à tous ? Où vous pouvez visiter numériquement (presque) tous les musées du monde, participer à des conférences passionnantes, des projections sur grand écran de films, de pièces de théâtre, d’opéras ? Et tant d’autres activités encore ?

N’hésitez pas. Rejoignez des adhérents HEUREUX, bien qu’ils ne soient pas tous vieux…

 info@culture-en-folie.org

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À bientôt pour de nouvelles aventures avec le numéro 22 !

Mémoires Vives

Par Sylvie Lainé

Auteure d’ouvrages de management et essais personnels, conférencière. Curieuse de tout, de rien, de ce qui passe, des informations venues du monde qui change, des paysages, des gens.

Parcours professionnel : stratégie, communication institutionnelle, management, conduite de changement, ingénierie et animation de formation comportementale, coaching de dirigeants et équipes de direction, évolution culturelle des organisations, négociation et communication interculturelle.

Langues d'intervention : français, anglais, italien

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