Le cercle des héros disparus

9 février 2024, mort de Robert Badinter

Mémoires Vives
10 min ⋅ 28/02/2024

Sommaire de ce numéro “Le Cercle des héros disparus” :

Editorial

Le 9 février 2024, jour de la mort de Robert Badinter, j’avais, sur Linkedin,  repris un post de Michel C. - merci à lui ! -  rendant hommage à Elisabeth Badinter.

Le décès de Robert Badinter m’a bien sûr affligée, mais plus encore la fin de ce couple humaniste et soudé, qu’on voyait rarement réuni : Elisabeth et Robert, Robert et Elisabeth. Ils ont eu l’extraordinaire chance de se rencontrer. Et ils se sont tant aimés pendant 57 ans, qu’ils ont choisi de vivre, dans le même immeuble, à un étage l’un de l’autre. Pour interdire … (Photo d’introduction : (source : post Linkedin / © BestImage, COADIC GUIREC/BESTIMAGE)

Légèreté chérie

Restons dans une ambiance de légèreté, sujet de la lettre n°8 ; pas mal de commentaires, parfois presque poétiques, comme celui dont je reproduis quelques extraits malgré sa relative tristesse. Merci à l’auteur, Nordiste et Parisien !

« Temps de lire. Petite pause dans le quotidien gris de l’hiver (…). Bureau. Ennui et somnolence de l’après déjeuner…

Meilleurs Vieux : 1 pas en avant, 2 pas en arrière

Jean-Pierre de Nice, auteur remarqué des Chroniques afghanes, suit avec attention les évolutions des parlementaires qui légifèrent sur le « Bien vieillir ». Ainsi nous invite-t-il à nous réjouir, en lisant dans le numéro du mercredi 7 février du Bulletin quotidien, le fameux BQ…

Meilleurs ancêtres

Ce n°9 accueille une nouvelle contributrice, créatrice d’ambiances qui dérident : Brigitte Noëlle Legendre. Sa première idée est de vous proposer… D’adopter des ancêtres… 

Archéo feuilleton : Chroniques Afghanes

6ème et dernier épisode : Kaboul, Décembre 2006

Pour relayer les cris silencieux qui nous viennent de loin, un « archéo feuilleton » en quelques épisodes … “Les chroniques afghanes sont mes souvenirs afghans, mes « Nouvelles du front » puisés dans mes courriels à mes proches et amis. Appartiennent-ils à l’histoire ? 2006, est-ce si loin ? Hier ressemble-t-il à aujourd’hui ?Jugez-en…”

EDITORIAL : LE CERCLE DES HEROS DISPARUS

Le 9 février 2024, jour de la mort de Robert Badinter, j’avais, sur Linkedin,  repris un post de Michel C. - merci à lui ! -  rendant hommage à Elisabeth Badinter.

Le décès de Robert Badinter m’a bien sûr affligée, mais plus encore la fin de ce couple humaniste et soudé, qu’on voyait rarement réuni : Elisabeth et Robert, Robert et Elisabeth. Ils ont eu l’extraordinaire chance de se rencontrer. Et ils se sont tant aimés pendant 57 ans, qu’ils ont choisi de vivre, dans le même immeuble, à un étage l’un de l’autre. Pour interdire au quotidien d’affaiblir leur lien ? Je veux le croire.

Ils se sont tant aimés qu’ils ont, l’un et l’autre, suivi leurs routes particulières, faites de combats et d’écritures complémentaires, si beaux ensemble jusqu’au bout. J’ai suivi avec passion la lutte pour l’abolition de la peine de mort de l’un, j’ai partagé le féminisme de l’autre, qui a su, à plusieurs reprises, rappeler qu’en ce domaine comme en tout autre, la mesure est d’or, comme l’exprime joliment la langue anglaise. Et comme le défendait Condorcet, dont la biographie fit l’objet de leur seul ouvrage commun (Condorcet, un intellectuel en politique, Livre de poche 1990, éditeur d’origine Fayard).  La grand-mère que je suis ne pouvait qu’approuver la réponse de l’écrivain, lors d’une interview accordée au Figaro, à l’occasion de la publication du livre dédié à sa grand-mère : « Les grands-mères ont plus d'influence qu'on ne le pense sur la personnalité de leurs petits-enfants. » (Idiss Fayard 2018

Robert Badinter, l’avocat et ministre, avait beaucoup en commun avec Simone Veil, la magistrate et ministre, morte en 2017. Je vénère cette femme de justice, européenne et féministe d’action plus que d’exclusion. Elle aussi a remporté un vote de haute lutte, celui de la légalisation de l’interruption volontaire de grossesse. Face à une assemblée hostile de 480 hommes et 9 femmes, dont certains ont  traité de nazie celle qui fut déportée à Auschwitz à l'âge de 16 ans, elle a tenu. Je l’ai croisée deux fois. La première au début des années 70 dans un congrès dont je me souviens seulement qu’il traitait des droits des femmes. La deuxième fois, des années plus tard, lors d’un repas dont elle était l’invitée d’honneur, au Sénat. Curieusement, je me souviens moins de ses mots et davantage de sa beauté, de ses yeux, de son charisme, de la force qui émanait d’elle.

Ces deux-là se retrouveront au Panthéon, où ne les rejoindra pas Jean d’Ormesson, qui, en 2010, accueillait Simone Veil à l'Académie française avec un mémorable discours de réception (édité au Seuil en 2018 ).

La force qui émanait d’elle...La force qui émanait d’elle...Cet amoureux des lettres et de la légèreté...Cet amoureux des lettres et de la légèreté...

Cet amoureux des lettres, lui aussi disparu en 2017, l’était aussi de la légèreté l’un des sujets du dernier numéro : «Une certaine légèreté demande plus d’efforts que la pesanteur, les leçons de morale, la gravité, l’ennui qui s’en dégage. Elle est liée à une certaine grâce, au charme, au plaisir.» (entretien en 1994 avec Pascale Frey, chroniqueuse littéraire pour ELLE). Comment ne pas ériger en modèle un philosophe qui maniait les mots avec une virtuosité improbable, dont chaque texte était un enchantement, au point que la Pléiade en a publié deux tomes ? J’espère, avant le grand départ, finir de lire sa quarantaine d’ouvrages. Quoi de plus inspirant en effet que Je dirai malgré tout que cette vie fut belle (Gallimard 2019), Guide des égarés (Gallimard 2016), ou Histoire du Juif errant (Gallimard 1993) ? J’ai eu la chance de l’écouter, il y a des années ; il était le grand témoin de la convention annuelle des cadres - pour la plupart directeurs de magasins et commerciaux - d’un de mes clients, acteur dans la grande distribution. Durant 45 minutes, je l’ai vu sautiller sur scène, silhouette filiforme jetant de temps à autre des regards pas très furtifs à sa montre de poignet, face à un auditoire de près de 2000 personnes. Son propos était brillantissime sur le thème « Le commerce ». J’en ai retenu le squelette du message, sculpté dans des mots simples et profonds : l’être humain a le choix et il l’a depuis les débuts de l’humanité entre le commerce et la guerre. Soit il approche son voisin ou l’étranger pour lui vendre ou acheter quelque chose. Soit il s’en approche pour le tuer afin de lui prendre sa place. Quoi de plus actuel qu’une telle alternative ? Et comment ne pas aimer quelqu’un dont les cendres ont été dispersées à Venise devant la Douane de mer, lieu magique ?

Laissons les morts redevenir poussière d’étoiles. Jean le philosophe écrivait justement : « Il y a quelque chose de pire que de mourir : c'est de ne pas mourir. ». Et offrez-vous de l’écouter avant de vous éloigner de mon cercle des héros disparus : https://www.dailymotion.com/video/x6b3gcd

Légèreté chérie

Restons dans une ambiance de légèreté, sujet de la lettre n°8 ; pas mal de commentaires, parfois presque poétiques, comme celui dont je reproduis quelques extraits malgré sa relative tristesse. Merci à l’auteur, Nordiste et Parisien !

« Temps de lire. Petite pause dans le quotidien gris de l’hiver (…). Bureau. Ennui et somnolence de l’après déjeuner. Légèreté ?  Je ne m’étais jamais posé la question. D’autant qu’il y a le poids, venu avec l’âge, des articulations douloureuses et enracinées dans le sol. On ne parvient plus à s’en extraire, le quotidien devient lourd et lent. Avec le temps, cette impression de flotter au-dessus des choses a disparu ; je ne m’étais jamais imaginé que la vie ait pu être légère : angoisse de la projection dans un avenir hypothétique au départ, angoisse du présent à fuir car en décalage avec l’idéal projeté, angoisse du passé non advenu en fin de parcours. Finalement ma légèreté à moi viendrait d’une sorte de désabusement, probablement un peu lugubre, qui préexistait dans mon regard sur le monde. En n’ayant maintenant plus d’enjeu, cela crée une forme d’indifférence détachée. Pas forcément génial : c’est aussi une sorte de prison qui condamne à l’inaction.  La légèreté serait l’instant où une bulle de savon, condamnée à disparaître, flotte dans l’air ? Cette absence de légèreté ressentie fit-elle de moi un meilleur citoyen (du monde ou d’ici…) sensible aux préoccupations contemporaines ? Pas certain non plus. (…). Pour se sentir citoyen, il faut, me semble-t-il, se sentir acteur de quelque chose, illusion que peut provoquer le consumérisme exacerbé (…) qui créée cette fiction d’exister. Une fiction qui nous alourdit des objets dont l’achat nous encombre.  L’encombrement m’a rattrapé. Je ne fus jamais un « acteur », mais plutôt un agitateur agité cherchant à masquer son aspiration à l’attente contemplative. Ainsi Le désert des tartares avait-il été pour moi, dès l’âge de 15 ans, une révélation.  (…). Parce qu’il évoque le piège du temps qui passe dont il faut percer le mystère pour savoir être léger. ».

Meilleurs Vieux : 1 pas en avant, 2 pas en arrière

Jean-Pierre de Nice, auteur remarqué des Chroniques afghanes, suit avec attention les évolutions des parlementaires qui légifèrent sur le « Bien vieillir ». Ainsi nous invite-t-il à nous réjouir, en lisant dans le numéro du mercredi 7 février du Bulletin quotidien, le fameux BQ, l’une des 4 lettres d’information de la Société générale de presse, que la proposition de loi pour « bâtir la société du bien-vieillir » a été adoptée au Sénat, le 6 février, par 233 voix contre 17. Mais nombre de sénateurs rappellent attendre avec impatience la concrétisation de la promesse du gouvernement de revenir au parlement avant fin 2024, pour le vote d’une véritable loi « grand âge » fermement espérée par les professionnels du secteur. Or le (jeune) Premier ministre n’a pas évoqué cet engagement dans son discours de politique générale. Qui vieillira verra ?

Heureusement, notre feuilletoniste lit aussi le New England Journal of Medicine. Et qu’y a-t-il découvert ? Une source d’espérance ! Souhaitons que l’information soit juste, qu’il ne s’agisse pas d’une légende médicale ! Voici le résumé qu’il en tire :

« Le directeur de la faculté de médecine de l'université George Washington affirme que le cerveau d'une personne âgée est beaucoup plus pratique qu'on ne le croit généralement.  À cet âge, l'interaction des hémisphères gauche et droit du cerveau devient harmonieuse, ce qui élargit nos possibilités créatives.  C'est pourquoi, parmi les personnes de plus de 60 ans, on trouve de nombreuses personnalités qui viennent de commencer leurs activités créatives. Bien sûr, le cerveau n'est plus aussi rapide qu'il l'était dans sa jeunesse.  En revanche, il gagne en souplesse.  Par conséquent, avec l'âge, nous sommes plus susceptibles de prendre les bonnes décisions et moins exposés aux émotions négatives.  Le pic de l'activité intellectuelle humaine se situe vers 70 ans, lorsque le cerveau commence à fonctionner à plein régime. Avec le temps, la quantité de myéline dans le cerveau augmente, une substance qui facilite le passage rapide des signaux entre les neurones.  Grâce à cela, les capacités intellectuelles augmentent par rapport à la moyenne. Il est également intéressant de noter qu'après 60 ans, une personne peut utiliser deux hémisphères en même temps. Cela permet de résoudre des problèmes beaucoup plus complexes. Le professeur Monchi Uri, de l'université de Montréal, estime que le cerveau âgé choisit le chemin qui consomme le moins d'énergie, élimine le superflu et ne laisse que les bonnes options pour résoudre un problème.  Une étude a été réalisée à laquelle ont participé différents groupes d'âge.  Les jeunes étaient confus lors des tests, tandis que les personnes de plus de 60 ans prenaient les bonnes décisions. Maintenant, regardons les caractéristiques du cerveau entre 60 et 80 ans.  Elles sont vraiment roses.

CARACTÉRISTIQUES DU CERVEAU D'UNE PERSONNE ÂGÉE :

1. Les neurones du cerveau ne meurent pas.  Les connexions entre eux disparaissent seulement si l'on ne s'engage pas dans un travail mental.

2. La distraction et la perte de mémoire sont dues à une surabondance d'informations.  Il n'est donc pas nécessaire de consacrer toute sa vie à ces multiples sollicitations.

3. À partir de 60 ans, une personne qui prend des décisions n'utilise pas un seul hémisphère du cerveau, comme les jeunes, mais les deux.

4.  Conclusion : si une personne mène un style de vie sain, est mobile, a une activité physique viable et est pleinement active mentalement, les capacités intellectuelles NE baissent PAS avec l'âge, elles augmentent pouvant atteindre un pic à l'âge de 80-90 ans.»

 Vivement le grand âge pour augmenter (enfin ?) nos capacités intellectuelles ! 

Meilleurs ancêtres

Ce n°9 accueille une nouvelle contributrice, créatrice d’ambiances qui dérident : Brigitte Noëlle Legendre. Sa première idée est de vous proposer… D’adopter des ancêtres. 

Crédit photo : Brigitte Noëlle LegendreCrédit photo : Brigitte Noëlle LegendreAdopter un ancêtre (1ère partie, extraits)

Nous ne sommes pas tous pourvus d’une galerie de portraits façon « Downtown Abbey » (…). Mais avouons, ça a de l’allure, un portrait ! L’avantage de récupérer une toile désœuvrée dans une brocante de quartier, ou sur le trottoir et surtout si -il ou elle- a une tête sympa, est de n’avoir aucun état d'âme à la placer dans un lieu plus incongru. Coté baignoire ou trônant sur la crédence de la cuisine, par exemple. (…) Faire se rencontrer deux portraits ou se créer une vraie galerie. Décomplexons-nous, osons les salles des ventes ! (…)

Pour ceux qui ont le bonheur (ou la charge) d’hériter de tableaux, sculptures, gravures, mobilier, draps, argenterie & cie… c’est une autre histoire ! On aime ou on n'aime pas, c’est discret ou envahissant, de valeur vénale modeste ou impressionnante, mais loyauté familiale oblige, parfois difficile de s’en séparer.

On peut tout confier à un antiquaire, un brocanteur, une salle des ventes. On peut tout fossiliser dans un grenier ou un box. On peut accumuler chez nous. Mais on peut aussi user de quelques astuces pour que cet héritage trouve une place harmonieuse dans notre intérieur, car finalement un meuble en chêne massif ou une ménagère en argent, restent des pièces plus nobles et plus durables qu’un meuble en kit ou des  couverts en acier-plastique. Et ce qui, définitivement, n’aura pas sa place chez nous, peut être donné à ceux qui sauront l’apprécier, ou revendu sans culpabilité. En garder juste la mémoire photographique pour en conserver le lien et l’émotion.  Cela reste l’intérêt majeur de ces transmissions. Et un jour créer un livre-album-photo sur l’un des nombreux sites dédiés à l’impression numérique, qui nous reconnectera à nos émotions d’enfance, juste en tournant les pages. 

Coté transmission & fiscalité

La transmission est rarement parfaitement organisée a fortiori pour les oeuvres d’art, meubles, objets de valeur, bijoux et le sujet est complexe. Quant au cadre légal, chaque pays a sa règlementation, et l'Europe n’échappe à la règle, ce qui ne simplifie pas…

Sujet complexe car joyeux mix (en fait rarement joyeux) de législation, loyautés ou caprices familiaux, humeurs testamentaires, donations officielles ou officieuses, valeur vénale ou affective, appât du gain…

Mieux vaut prendre les conseils d’un spécialiste en droit fiscal, d’un notaire, ou d’un avocat spécialisé succession et patrimoine, pour anticiper. Même sur un héritage modeste. Ils sont parfaitement au courant des évolutions de la législation et surtout ont le recul de centaines de dossiers où cela devait soit disant « bien se passer ».

Brigitte Noëlle Legendre / Article paru dans ZOEMAG 9 / En savoir plus : www.ideeschic.com / Suite dans le n°10

Archéo feuilleton : Chroniques Afghanes

Pour relayer les cris silencieux qui nous viennent de loin, voici un « archéo feuilleton » en quelques épisodes que je dois à l’un de mes chers abonnés, Jean-Pierre de Nice, qui, comme moi, a vécu en Afghanistan (lui plus longtemps et souvent que moi).

 Les chroniques afghanes sont mes souvenirs afghans, mes « Nouvelles du front » puisés dans mes courriels à mes proches et amis. Appartiennent-ils à l’histoire ? 2006, est-ce si loin ?

Hier ressemble-t-il à aujourd’hui ?Jugez-en…

6ème et dernier épisode : Kaboul, Décembre 2006

Voilà, j’arrive au terme de ma mission. Dans quelques jours je serai rentré à Paris, inch’Allah ! Voici les « dernières nouvelles du front » de 2006. L’hiver qui s’installe a vu s’abattre sur ces malheureux Afghans (qui par ailleurs souffrent de la sécheresse au point qu’on commence à parler de la possibilité d’une famine dans certaines régions), des trombes d’eau qui ont provoqué des inondations ayant fait au moins 200 morts. La neige qui bloque routes et cols a rendu l’organisation des secours très difficile. Les « marchands du temple », comme toujours et partout, saisissent l’occasion de l’arrivée du froid pour augmenter le prix du bois de chauffage, des vêtements et de la nourriture. D’autre part, avec l’augmentation de la consommation de drogues par les Afghans eux-mêmes, le SIDA a fait son apparition. À ce jour, on n’aurait dénombré que 61 cas, mais l’alerte est suffisamment forte pour que les autorités décident de mettre prochainement  en place une campagne d’information… Dans 5 provinces sur 34. Les combats continuent dans le Sud du pays, avec leur lot quotidien de morts et de blessés (Forces alliées, gens du peuple, Taliban), et de destructions. Les attentats-suicides ont repris de plus belle, notamment à Kandahar, ex-capitale des Taliban, tandis qu’à Kaboul, des ateliers de fabrique de bombes, de faux passeports et de faux documents officiels, ont été découverts. Les enlèvements continuent, et le coût de l’otage devient prohibitif : un million de dollars tout récemment pour le neveu d’un homme d’affaires. Quand on pense qu’on trouvait encore sur le marché des otages à racheter pour 300.000 dollars il y a seulement quelques semaines ! Où va-t-on ? Au chapitre des femmes, le phénomène (encore inconnu il y a peu en Afghanistan mais sans doute « importé » par les réfugiés rentrant du Pakistan) de l’immolation des femmes par le feu est devenu tellement préoccupant qu’un groupe d’experts a été chargé de plancher sur le problème. À noter que les déléguées qui ont participé à la 5ème conférence des organisations afghanes de défense des Droits des femmes n’ont pu s’y rendre … qu’accompagnées de leur mari ou d’un homme de la famille ! Tout le monde est bien conscient que l’Afghanistan ne s’en sortira pas tant que n’y régnera pas l’état de droit, et cela veut dire qu’il faut assainir son administration nationale et provinciale, c’est à dire mettre l’effort sur la formation, sur la motivation, sur l’équipement, et donc aussi proposer aux fonctionnaires recrutés des salaires décents. Il en est de même pour l’armée et la police, sans parler des magistrats. On en est loin ! Nombreux sont les boursiers qui, une fois partis à l’étranger pour suivre des stages, ne reviennent plus, ou les policiers et les soldats qui, une fois équipés, désertent.  La corruption fait rage à tous les niveaux, et les grands discours moralisateurs n’y peuvent rien. Chacun se débrouille comme il peut : il faut bien vivre et nourrir sa famille. Et dans le domaine du rançonnage, tout est bon : on vient de fermer neuf boutiques, pas moins, qui vendaient des uniformes de policier ou de militaire de l’armée régulière, sans doute pas pour des bals masqués. La Communauté internationale consacre pourtant des centaines de millions de dollars au secteur de la formation professionnelle. Mais il faut savoir lire les chiffres : ¼ du total de l’aide américaine à l’Afghanistan est consommé … Par les experts américains. Je quitte une nouvelle fois ce pays avec une certaine nostalgie, avec le sentiment d’abandonner des amis dans la détresse. Mais j’ai fait ce que j’ai pu pendant ces mois pour que les choses aillent « aussi moins mal que possible », si j’ose écrire… Je vous souhaite du bonheur à venir. Et peut-être aurez-vous droit à de nouvelles chroniques,  qui sait, pour suivre d’autres voyages ? Amitiés. Jean-Pierre

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À bientôt, avec le n°10, qui vous emmènera en Italie…

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Mémoires Vives

Par Sylvie Lainé

Auteure d’ouvrages de management et essais personnels, conférencière. Curieuse de tout, de rien, de ce qui passe, des informations venues du monde qui change, des paysages, des gens.

Parcours professionnel : stratégie, communication institutionnelle, management, conduite de changement, ingénierie et animation de formation comportementale, coaching de dirigeants et équipes de direction, évolution culturelle des organisations, négociation et communication interculturelle.

Langues d'intervention : français, anglais, italien

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